On sait que le recto et le verso d'une peinture rectoversée
sont relatifs et que, tout en étant différents, ils
sont sur un pied d'égalité. Cette égalité,
qui n'a rien d'une identité, questionne quant à la
valeur symbolique attribuée à l'un et à l'autre.
Il semble en effet important que le caractère ternaire d'une
peinture rectoversée n'occulte pas la confrontation de la
Rectoversion avec la Dualité. Cela est d'autant plus incontournable
que la Rectoversion propose ni plus ni moins que le dépassement
de celle-ci. Il est entendu que le terme "Dualité"
doit bien être compris dans son sens littéral qui est
différent de celui accordé au terme "Dualisme"
(1).
A ce propos, je crois utile de citer René Guénon.
Plutôt que de paraphraser ce dernier et aussi par honnêteté
intellectuelle, je préfère vous présenter un
extrait d'un de ses ouvrages "Le Règne de la Quantité
et les Signes des Temps" (2).
MDC
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« On s'étonne parfois qu'un même symbole puisse
être pris en deux sens qui, apparemment tout au moins, sont
directement opposés l'un à l'autre; il ne s'agit pas
simplement en cela, bien entendu, de la multiplicité des
sens que, d'une façon générale, peut présenter
tout symbole suivant le point de vue ou le niveau auquel on l'envisage,
et qui fait d'ailleurs que le symbolisme ne peut jamais être
"systématisé" en aucune façon, mais,
plus spécialement, de deux aspects qui sont liés entre
eux par un certain rapport de corrélation, prenant la forme
d'une opposition, de telle sorte que l'un d'eux soit pour ainsi
dire l'inverse ou le "négatif" de l'autre.
Pour le comprendre, il faut partir de la considération de
la dualité comme présupposée par toute manifestation,
et, par suite, comme la conditionnant dans tous ses modes, où
elle doit toujours se retrouver sous une forme ou sous une autre;
il est vrai que cette dualité est proprement un complémentarisme,
et non pas une opposition; mais deux termes qui sont en réalité
complémentaires peuvent aussi, à un point de vue plus
extérieur et plus contingent, apparaître comme opposés.»
***
«Toute opposition n'existe comme telle qu'à un certain
niveau, car il n'en peut être aucune qui soit irréductible;
à un niveau plus élevé, elle se résout
en un complémentarisme, dans lequel ses deux termes se trouvent
déjà conciliés et harmonisés, avant
de rentrer finalement dans l'unité du principe commun dont
ils procèdent l'un et l'autre. On pourrait donc dire que
le point de vue du complémentarisme est, en un certain sens,
intermédiaire entre celui de l'opposition et celui de l'unification;
et chacun de ces points de vue a sa raison d'être et sa valeur
propre dans l'ordre auquel il s'applique, bien que, évidemment,
ils ne se situent pas au même degré de réalité;
ce qui importe est donc de savoir mettre chaque aspect à
sa place hiérarchique, et de ne pas prétendre le transporter
dans un domaine où il n'aurait plus aucune signification
acceptable.
Dans ces conditions, on peut comprendre que le fait d'envisager
dans un symbole deux aspects contraires n'a , en lui-même,
rien que de parfaiterment légitime, et que d'ailleurs la
considération d'un de ces aspects n'exclut nullement celle
de l'autre, puisque chacun d'eux est également vrai sous
un certain rapport et , que même, du fait de leur corrélation,
leur existence est en quelque sorte solidaire...(...)...»
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«...(...)...Tout cela étant
posé en principe, on pourra sans peine en déduire
certaines conséquences concernant ce qu'on pourrait appeler
l'usage pratique des symboles; mais, à cet égard,
il faut faire intervenir tout d'abord une considération d'un
caractère plus particulier, celle du cas où les deux
aspects contraires sont pris respectivement comme "bénéfique"
et comme "maléfique". Nous devons dire que nous
employons ces deux expressions faute de mieux, comme nous l'avons
déjà fait précédemment; en effet, elles
ont l'inconvénient de pouvoir faire supposer qu'il y là
quelque interprétation plus ou moins "morale",
alors qu'en réalité il n'en est rien, et qu'elles
doivent être entendues ici en un sens purement "technique".
De plus il doit bien être compris aussi que la qualité
"bénéfique" ou "maléfique"
ne s'attache pas d'une façon absolue à l'un des deux
aspects, puisqu'elle ne convient proprement qu'à une application
spéciale, à laquelle il serait impossible de réduire
indistinctement toute opposition quelle qu'elle soit, et qu'en tout
cas elle disparaît nécessairement quand on passe du
point de vue de l'opposition à celui du complémentarisme,
auquel une telle considération est totalement étrangère...(...)...»
René Guénon "Le Règne de la Quantité et les Signes des
Temps",
chapitre XXX "Le renversement des symboles", Ed.Gallimard.
"I am just
a child ... and I want to know how to become a man?"
peinture rectoverséé collection privée
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remarque:
Je rappelle que « la page rectoversée » est la
chronique multimédia régulière du site www.rectoversion.com.
A ce titre, elle n'exprime que mes propres points de vue et centres
d'intérêts. Ceux-ci, comme la totalité du site
www.rectoversion.com, n'engagent en rien les membres du mouvement
créé en mars 2002, « rectoversion, an 10 de
l'an 10.000 ».
Michel De Caso, webmaster du site www.rectoversion.com
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LA PAGE RECTOVERSÉE N°10 - Mai 2002
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