La page rectoversée n°13
 

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citation
Myriam PHILIBERT
remarque
Le rite du « passage à
travers »
et les
monuments mégalithiques percés
I
menhirs et dolmens
*
On sait que la Rectoversion propose de "trouer le visible",
en créant des percées réelles dans les deux
faces pleines du tableau. A ce titre, cette opération peut
présenter quelques convergences avec un rite ancestral, celui
du "passage à travers". Jérôme et
Laurent Triolet, dans un ouvrage récent, en ont fait une
analyse pertinente. Voici donc quelques extraits de leur livre "Souterrains
et croyances".
Je remercie Annie Jack, Tom Bullock, Andy Burnham et Vicky Morgan
qui m'ont autorisé à reproduire leur photographies
et textes ci-dessous.
MDC
*
« ...(...)... A la fin des années 70, à l'intérieur
de certaines églises, des croyants passaient encore sous
le sarcophage d'un saint afin de voir un vu exaucé;
on passait aussi sous le sarcophage de sainte Radegonde à
Poitiers. (R.Mauny, 1980)
Jusqu'au XIX° siècle, la ville de Saint-Dizier, dans
le Haut-Rhin, était réputée pour le traitement
des fous. Lors des "soins", dirigés par le curé,
après un bain matinal et des exercices religieux, les gardiens
faisaient passer les fous sous les cénotaphes de saint Dizier
et de saint Régenfroid situés à l'intérieur
de l'église.
La réputation de ce traitement avait atteint les pays voisins
et, en particulier, d'un esprit dérangé, on aimait
à dire: "Il faut aller le faire passer sous les pierres
de Saint-Dizier". (A.Mairet, 1890)
Des monuments mégalithiques perforés étaient
également le théatre de rites comparables. (H.Gaidoz,
1892)
Plus loin de nous, des pratiques du même type existaient
dans le Sud-Ouest aux XVII° et XVIII° siècle. Elles
concernaient des malades atteints notamment de douleurs, rumathismes
ou paralysies et se déroulaient dans des églises avec
le consentement des autorités religieuses. Les pratiquants
devaient passer dans un trou artificiel ménagé dans
l'épaisseur d'un pilier ou d'un mur de l'édifice religieux.
On donnait à ces orifices aujourd'hui bouchés le
nom de "verrine" (ou "veyrine"). Des témoignages
fiables d'utilisation existent et monsieur De Caila décrit
ainsi cette pratique dont il a eu connaissance au tout début
du XIX° siècle: "On faisait faire d'abord au malade
neuf fois le tour du pilier, en récitant quelques prières;
il passait ensuite la tête la première dans l'ouverture;
puis, on le poussait par les pieds". (De Caila, 1809)
*
Dans l'église Saint-Michel (Fronsadais), cette pratique connaissait,
au début du XVII° siècle, un grand succés.
Les excés des personnes qui, moyennant salaire, passaient
les malades au travers de la verrine avaient même attiré
l'attention du cardinal De Sourdis à Bordeaux.
Les différents rites de passage évoqués jusqu'alors
concernent des cavités artificielles. La morphologie de certaines
correspond tout à fait à celle d'un goulot souterrain;
d'autres, telles les cavités sous les sarcophages, s'en rapprochent
fortement.
Ces pratiques thérapeutiques et religieuses, dont l'origine
est antérieure au XVII° siècle, ont survécu
jusqu'à la fin du XX° siècle sous des formes plus
ou moins dénaturées, certaines ayant même bénéficié
de la bienveillance de l'Eglise. Elles s'inscrivent dans un ensemble
plus vaste de traditions que l'on peut regrouper sous le terme générique
de "Rite du passage à travers".
Il s'agit, comme l'a écrit Henri Gaidoz, d'un vieux rite
médical qui consiste à se "guérir d'une
maladie en passant par une ouverture ou en mettant à profit
une cavité", et toutes sortes d'orifices semblent avoir
été effectivement employées. L'utilisation
de trous d'arbres, naturels ou provoqués, semble avoir connu
un grand succés et ce, de temps immémoriaux...(...)...»
Extraits de "Souterrains et croyances", Jérôme
et Laurent Triolet, Editions Ouest-France, 2002, p.104 et suivantes.
Pour plus d'informations sur le travail de Jérôme et
Laurent Triolet, je vous invite à visiter leur excellent
site:
http://perso.club-internet.fr/prilep/index.htm
*

Men-An-Tol
(Crick, Cornouailles, Royaume-Uni)
Photo © Tom Bullock
beplus@ix.netcom.com
extrait du site d'Andy Burnham
http://www.megalithic.co.uk/
« The suspicion is that these three stones are the remains
of a Neolithic tomb, primarily because holed stones have been found
in conjunction with the entrances to burial chambers. The doughnut-shaped
stone is best known for the traditional belief that it had the power
to heal illnesses. To cure rickets and tuberculosis, naked children
were passed through the hole three times and then dragged through
the grass three times toward the east. Adults seeking cure from
rheumatism or spinal troubles crawled through the hole nine times
against the sun.»
Andy Burnham
« On suppose que ces trois pierres sont les restes d'un tombeau
néolithique, principalement parce que des pierres trouées
ont été trouvées en même temps que les
entrées aux chambres d'enterrement. La pierre en forme d'anneau
est surtout connue par la croyance traditionnelle pour avoir eu
la puissance de guérir des maladies. Pour traiter le rachitisme
et la tuberculose, des enfants nus étaient passés
par le trou trois fois puis traînés dans l'herbe trois
fois vers l'est. Les adultes cherchant le traitement du rhumatisme
ou les problèmes vertébraux rampaient au travers du
trou neuf fois face au soleil. "
Andy Burnham, traduction MDC

Men-An-Tol (détail)
(Crick, Cornouailles, Royaume-Uni)
Photo © Vicky Morgan
SunMoon@ntlworld.com
extrait du site d'Andy Burnham
http://www.megalithic.co.uk/
« In November 2002 I visited Mên-an-Tol, the stone
with a hole in Cornwall. I arrived at 9.30 in the evening, the sky
was clear, so I placed my body through the hole with the small of
my back resting on the stone to watch the stars. After half an hour
there was a loud crack, just like a breaking branch, although I
felt nothing I realized that the sound came from my lower back,
as my spine was being realigned. Up to that moment I had experienced
severe lower back pain due to a slipped disc which happened in 1991,
from which I had found no relief either through complementary or
uncomplementary medicine. Six months later I am still completely
pain free. »
Vicky Morgan
« En novembre 2002 j'ai visité Men-an-Tol, la pierre
avec un trou dans les Cornouailles. Je suis arrivé à
9h.30 en soirée, le ciel était clair. J'ai placé
mon corps dans le trou pour observer les étoiles avec une
partie de mon dos reposant sur la pierre. Après une demi-heure
il y eut un fort craquement, comme une branche qui casse bien que
je n'ai rien ressenti je réalisai que le bruit venait du
bas de mon dos, car ma vertèbre s'était bien remise.
Jusqu'à ce moment-là, je m'étais fait une grave
lombalgie suite à au glissement d'un disque survenu en 1991
et je n'avais trouvé aucun soulagement par la médecine,
parallèle ou pas. Six mois plus tard je suis toujours complètement
libéré de la douleur.»
Vicky Morgan, traduction MDC
*
Menhir
de la Pierre percée de St Maure en Touraine.
photo © Annick Jacq
webmaster@bretagne-celtic.com
extrait du site
http://www.bretagne-celtic.com
« A quelques kilomètres de St Maure de Touraine, se
trouve le menhir de la Pierre percée. Cest l'un des plus
haut de la région. Le trou naturel a toujours excité
l'imagination populaire et l'on échangeait des serments en
y passant les mains et un bouquet. Les enfants qui y passaient la
tête étaient protégés des écrouelles(1)
et l'herbe à ses pieds protégeaient des sorts et des
esprits mauvais...»
Annick Jacq
(1)
Abcès d'origine tuberculeux. Le Roi de France, le jour de
son sacre, touchait les écrouelles des malades ; on pensait
qu'il avait le pouvoir de les guérir.
« La Pierre percée, dans le sud de la Touraine, était,
jusqu'au siècle dernier, le théâtre de rites
de "passage à travers". »
Extrait de "Souterrains et croyances", Jérôme
et Laurent Triolet, Editions Ouest-France, 2002.
*
Dolmen
percé de Tavers, près de Beaugency, dans le Loiret.
Pour une vue rapprochée, cliquez
ici .
photos © Annick Jacq
webmaster@bretagne-celtic.com
*
Dolmen
percé de St Michel de Grandmont dans l'Hérault.
La hauteur de l'ouverture est de 70 cm.
(photo © Michel De Caso)
*
citation
Myriam PHILIBERT
*
remarque :
Il est rappellé que « la page rectoversée
» est la chronique multimédia régulière
du site www.rectoversion.com. A ce titre, elle n'exprime que mes
propres points de vue et centres d'intérêts. Ceux-ci,
comme la totalité du site www.rectoversion.com, n'engagent
en rien les membres du mouvement créé en mars 2002,
« rectoversion, an 10 de l'an 10.000 ».
Michel De Caso, webmaster du site www.rectoversion.com
*
LA PAGE RECTOVERSÉE N°13 - Août 2002 -
(complétée par "Men-An-Tol" en novembre
2003)
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