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La page rectoversée  n°40

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L'art, la politique et la pluralité
des points de vue

 

L’art qui n’a pas rompu le lien avec l’art originel n’est ni de droite, ni de gauche, pas plus d’extrême-gauche que d’extrême-droite.
Le niveau de réalité dans lequel il évolue est différent de celui de la politique.
Bien entendu, les artistes qui pratiquent un tel art peuvent à titre individuel et comme citoyens se positionner selon les clivages politiques en cours (notons au passage qu’ils peuvent tout autant ne pas se positionner du tout).
Mais leurs œuvres ne sont pas nécessairement l’expression de leur positionnement ou non-positionnement politique.

L’assimilation de l’artiste à son œuvre est une caractéristique relativement récente. Même s'il va de soi que c'est bien l'artiste qui crée l'œuvre et qu'il peut y avoir corrélation entre les deux, cette assimilation fusionnelle et systématique tend à privilégier une seule approche : celle de la mise en valeur de l’artiste au détriment de l’œuvre qui doit délivrer un message concernant l’histoire de l’artiste, le plus souvent d’ordre psychologique et/ou sociale.

Dès lors, dans ce processus de révélation et de partage narratif vers le public, les qualités formelles de l’œuvre et la quête de sens s’avèrent superflus et nombreux sont ceux qui pensent que de telles caractéristiques de l’œuvre peuvent nuire à ce processus. Dans un art qui communique, la vision immédiate et immanente est ainsi largement privilégiée car elle est facilement saisissable par le public. Que le public y adhère ou la rejette importe peu. Ce qui compte, c’est qu’il la voit.

Pourtant, il y a l’œuvre et il y a l’artiste qui a réalisé l’œuvre.

On est parfois surpris d’apprécier une œuvre d’un artiste aux qualités humaines discutables. De même, on peut se surprendre à ne pas être ému par une œuvre réalisée par un artiste aux qualités humaines indiscutables.
C’est ainsi. L’œuvre est à dissocier de son créateur. De Dalí à Céline en passant par De Chirico, les exemples sont légion.

La vision immédiate existe certes mais c’est une vision partiale car partielle. Montrer uniquement cette vision, c’est oublier que la réalité est multiple, conflictuelle, contradictoire.

Même si on se limite à l’expression de la seule réalité que nos sens peuvent percevoir, cela nécessite une pluralité de récits, eux-mêmes pouvant être différents, certains antagonistes, d’autres complémentaires. Pour donner à voir cette réalité, cela suppose également une pluralité de points de vue, autant de visions différentes.

Quant aux réalités qui ne sont pas perceptibles à nos sens habituels, réalités que certains d’entre nous évoquent naturellement dans leurs œuvres, pourquoi faudrait-il que ces visions-là soient rejetées ?
Sont-elles trop symboliques ? Sont-elles dangereuses pour l’ordre public ? Tombent-elles sous le couperet de l’interdit métaphysique qui fait que, spécialement en France, seule la métaphysique orientale soit admise (le zen en étant le meilleur exemple)? Qui peut vraiment le dire ?

C’est pourquoi, quel que soit le style artistique en question, il ne s’agit pas de proposer de remplacer une vision partielle par une autre vision qui serait tout autant partielle.
La véritable démocratie (et là on peut utiliser sans risque de dérapage l’adjectif véritable) demande à ce que la pluralité des points de vue soient montrée.

Aimer ou ne pas aimer une œuvre ne peut être suffisant comme critère de sélection. Cette raison d’aimer ou de ne pas aimer une œuvre est, on le comprend, rarement dite comme telle. Des arguments plus présentables sont exprimés. Pourtant, elle est en réalité la raison première et dernière du choix décisionnel.

Il ne s’agit pas également de mettre en avant une vision de l’art qui serait supérieure et exclusive.
Prenons garde aux mots-clés qui sont censés détenir une vérité définitive, totalisante.
Sur le plan épistémologique, ne peut-on pas introduire le doute comme une donnée à part entière ? Un doute méthodologique en quelque sorte, destiné à préserver de tout intégrisme.

Personne ne peut en effet prétendre à la détention de la vérité exclusive, fut-elle sacrée.
Chacun se positionne en fonction de ce qu’il perçoit, c’est-à-dire de ce qu’il émet et de ce qu’il reçoit. Or, depuis la révolution quantique, on sait que le rapport émetteur-récepteur est indissociable, comme le rapport sujet-objet.
Déjà la réalité commune est perçue de façon différente par chacun d’entres nous. Que dire alors de la perception de l’œuvre artistique … ?

Ce que nous réclamons donc, c’est simplement le droit de montrer nos œuvres à un large public, sans ostentation et sans volonté de substituer une vision despotique à une autre.
Nos œuvres ne sont pas nostalgiques, elles sont nées dans le présent et, à ce titre, elles ont droit de cité dans la Cité.
Bref, pour que la démocratie respire, la diversité artistique qui est un fait doit être montrée, dans toute sa complexité, dans toutes ses errances et dans toutes ses espérances.

MDC

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Je rappelle que « la page rectoversée » est la chronique multimédia régulière du site www.rectoversion.com. A ce titre, elle n'exprime que mes propres points de vue et centres d'intérêts. Ceux-ci, comme la totalité du site www.rectoversion.com, n'engagent en rien les membres du mouvement créé en mars 2002, « rectoversion, an 10 de l'an 10.000 ».

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LA PAGE RECTOVERSÉE N°40 - DECEMBRE 2007 -
" L'art, la politique et la pluralité des points de vue."
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