Un colloque d'artistes pour 2008 ?
Pourquoi pas ?

 

Lors d’un entretien que j’ai eu avec Aude de Kerros*, lui soumettant l’idée d’un colloque d’artistes pour 2008, elle constata que dans le débat actuel « … les différences politiques nous divisent moins et les choix esthétiques ne sont plus autant de facteurs de disputes…» ; elle ajouta qu’il serait souhaitable « …de mettre en avant plus ce qui nous unit que ce qui nous divise…». Là est le nœud du problème, me semble-t-il. Nous, communément dénommés par le terme d’artistes, sommes-nous capables de mettre en veilleuse à la fois notre ego et notre amertume pour essayer de construire une convergence qui nous réunirait au-delà de nos critères politiques et esthétiques respectifs ?

Sur notre ego

Pour ce qui concerne notre ego, je crois que c’est réalisable car contrairement à une idée reçue, l’égotisme est une dérive qui infiltre tous les domaines d’activités, pas seulement celui des arts. Dès lors, l’ego du praticien de l’art relève plus de sa nature et de sa psychologie propres que de son activité artistique. Il y a ainsi des artistes qui ont un fort ego et d’autres, à l’inverse, qui ont un ego trop faible ! Entre ces deux extrêmes, il y a une indéfinité de cas. En fait, nous ne sommes ni plus, ni moins égotistes que n’importe qui.

Sur notre amertume

Quant à notre amertume, bien compréhensible quand on connaît la situation réelle d’une majorité d’entre nous, ce sera plus difficile car il y a là de la douleur. On peut toutefois être raisonnablement optimiste puisque le train de l’histoire ne repasse pas et que les événements observés aujourd’hui viennent de si loin qu’ils se présentent désormais comme inéluctables. Le dévoilement qu’ils suscitent devrait nous permettre de prendre du recul par rapport à cette amertume mais si certains ont parlé de générations d’artistes sacrifiées, ce n’est certainement pas de façon allégorique.

Sur la diversité 

Si nous demandons que soit montrée la diversité artistique, c’est bien évidemment parce que nous situons nos travaux dans cette diversité qui n’est pas montrée ou pas suffisamment. Si nous n’avions pas ce sentiment, nous ne nous exprimerions pas ainsi. Nous avons donc intérêt à jouer la carte de la diversité, il ne faut pas nous le cacher. Néanmoins, lorsque la diversité sera réellement montrée, il est indéniable que chaque public sera à même de trouver chaussure à son pied et nous pourrons continuer de façon plus sereine notre fonction de cordonnier céleste. Le public n’est pas homogène mais au contraire hétérogène ; certains d’entre nous vivent d’ailleurs ce fait puisqu’ils sont suivis par des collectionneurs ou amateurs fidèles. C’est pourquoi dans ce désir de montrer la diversité, nous pensons qu’il y va de l’intérêt de chacun, et plus généralement, de l’intérêt de la Pensée.

Sur notre critique constructive

L’analyse des faits qui nous ont amené à cette situation de blocage démocratique est, je le crois, importante à décrypter. C’est de ce décryptage que pourra naître une réaction constructive qui permettra au fatalisme, dans lequel nous avons souvent trouvé refuge, de se dissiper. Ce décryptage est important car si l’artiste œuvre certes pour lui, c’est aussi pour les autres. Sans public, l’œuvre n’existe pas vraiment et le créateur de l’œuvre en est plus l’expéditeur que le destinataire. Finalement, le véritable objectif de l’œuvre serait de rencontrer le public ou, plus exactement, son public. Ce rapport à l’œuvre vécu par l’artiste expliquerait comment certains d’entre nous peuvent passer des décennies, quand ce n’est pas leur vie entière, à pratiquer un art déficitaire sur le plan financier. Lorsque la valeur mercantile de l’œuvre se substitue à sa valeur formelle, lorsque l’artiste idéal en arrive à être celui qui n’a plus d’œuvre, est-il bon de rappeler que tous les artistes ne sont pas devenus des hommes ou des femmes d’affaires !

Sur notre action

Parallèlement à cette critique constructive, positive, nous devons proposer, agir. Pour revenir à la diversité, donnée clé de la convergence actuelle, nous ne devons pratiquer à notre tour aucune exclusion. Cela est incontournable pour être crédibles, tant vis-à-vis des autres que de nous-mêmes. Cette résolution d’accepter la diversité ne doit pas pour autant nous entraîner dans une sorte d’intégrisme de la pluralité. La pluralité ne devra pas nuire à la singularité. Trop souvent, le relativisme absolu et son frère jumeau, le narcissisme triomphant, trouvent leur justification dans l’axiome occulte qui pourrait être celui-ci : tout se vaut et tout est égal puisque tout m’est égal, excepté moi-même. Nous ne nous reconnaissons pas dans cet axiome du nivellement de la singularité et de la mise en exergue de la fixation affective et libidinale à soi-même. Donner à voir la diversité n’engendre pas nécessairement un éclectisme confusionnel et destructeur. Heureusement, les solutions existent et d’autres restent à inventer. Pour cela, je proposerais quelques axes de réflexions.

Propositions

1. En complémentarité de ce qui se passe depuis le manifeste « L’Art c’est la vie » et sans aucun désir d’exclusivité, serait-il opportun d’organiser un colloque réunissant essentiellement des plasticiens, peintres, sculpteurs, graveurs, etc… ? 

2. Entre autres objectifs, cette rencontre aurait pour but de programmer des actions ou événements artistiques permettant de montrer la diversité sans tomber pour autant dans la confusion généralisée. Les formules à trouver sont à définir mais certaines ont déjà émergé au cours des débats qui ont lieu depuis quelques mois.

3. Que vous soyez artiste ou pas, pourriez-vous d’ores et déjà répondre à cet appel en donnant votre sentiment ?

(cliquez ici pour donner votre avis)

MDC

 

* Aude de Kerros, « l’art caché – les dissidents de l’art contemporain », 2007, éd. Eyrolles.