Masculin / Féminin
par
Michel De Caso

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Sommaire du dossier

I / Le constat : la prégnance du couple symbolique masculin-féminin

II / Aperçu sur quelques explications de cette prégnance

1. Explications religieuses et métaphysiques

a. Reflet d’une réalité théologique
b. Reflet d’une organisation archétypale
c. Reflet d’une organisation principielle

2. Explications sociales et psychologiques

a. Reflet de la différence sexuelle
b. Reflet des structures profondes du langage
c. Reflet de la différence sociale
d. Reflet des structures de la pensée

III / Questionnements

1. Sur la dévalorisation du féminin
2. Sur les niveaux de réalité
3. Sur le rapport bipolaire

Cet exposé a été présenté dans le cadre du séminaire du Groupe Interdisciplinaire de l'ADREUC, à l'Université Paul Sabatier de Toulouse, en novembre 2007 (Association pour le Développement des Rencontres et des Echanges Universitaires et Culturels).

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Compte tenu du délai imparti, cet exposé sera court et ne prétend pas à l’exhaustivité mais je crois qu’il pourra valablement introduire le sujet à la discussion et au débat.

I / Le constat : la prégnance du couple symbolique masculin-féminin

Lorsqu’on étudie les systèmes de pensées dans les cultures humaines, on constate que les valeurs masculines sont généralement assimilées à des principes actifs et les valeurs féminines à des principes passifs. Si le masculin renvoie au soleil et au feu, le féminin renvoie à la lune et à l’eau. Cette dualité, basée sur une opposition masculin / féminin symétrique, représente une façon universelle de comprendre la réalité connaissable.
Toutefois, on remarque quelques positions particulières dont voici quelques exemples :
- la plupart des cultures considère l’axe vertical comme masculin et l’axe horizontal comme féminin. Pourtant, cette relation géométrique est inversée dans certaines cultures.
- les indiens Gé au Brésil considèrent la lune comme une divinité mâle, sans lien de parenté avec le soleil.
- dans les pays arabes, sudarabique et éthiopien, on trouve des peuples nomades qui considèrent la lune de nature masculine et le soleil de nature féminine car c’est la nuit qui est reposante et propice aux voyages.
- sur le plan linguistique, si l’on s’amuse à comparer ne serait-ce que quelques langues européennes, on s’aperçoit que l’article défini destiné à donner le genre masculin ou féminin au mot diffère selon les langues étudiées. Par exemple, si dans les langues latines, le soleil est bien de genre masculin tandis que la lune est de genre féminin, ce n’est pas le cas en allemand ou le soleil est de genre féminin (die Sonne) et la lune est de genre masculin (der Mond). On remarque aussi que le mot eau en espagnol est de genre masculin : el agua. Quant au néerlandais et à l’anglais, il n’utilisent pas d’articles définis masculin ou féminin.

Il y aurait d'autres exemples d'une telle relativité culturelle mais globalement il semble qu'il y ait des valeurs universellement attribuées au masculin et au féminin. C'est le cas pour les couples expir-inspir, extérieur-intérieur, saillant-rentrant, fécondant-nourrissant, donnant-recevant, etc… La pensée symbolique a universellement schématisé le masculin par un triangle dont la base est en bas et le féminin par un triangle dont la base est en haut.

A ce propos, n’est-il pas singulier de constater que les sigles communément utilisés pour désigner le masculin et le féminin renvoient à l’opposition symbolique masculin – féminin ? Ainsi, le sigle commun masculin, constitué d’un cercle et d’une flèche oblique vers le haut droit est exactement le symbole de la planète Mars en astrologie traditionnelle. Or Mars est le Dieu de la guerre pour les romains (Ares pour les grecs) et en latin le mot « mars » possède le sens figuré de guerre et de bataille.

Quant au sigle féminin commun, constitué d’un cercle et d’une croix vers le centre bas, il est exactement le symbole en astrologie traditionnelle de la planète Vénus. Or Vénus pour les romains est la Déesse de la beauté (Aphrodite pour les grecs) et le mot « venus » en latin possède le sens figuré d’amour et des plaisirs de l’amour.

Ainsi, on peut retenir que dès que l’homme ou la femme dépasse le stade de l’indifférencié originel ou puéril, la bipolarité s’instaure. Lui-même ou elle-même se subdivise entre homme ou femme, et toute la création adopte ce modèle. A la féminité correspond le don de la vie, à la masculinité, la procréation. Tous les vases, les récipients, aux formes arrondies et pleines, déterminent le côté féminin, alors que les outils et les armes se rapportent au masculin. Il est difficile de préciser la place de l’homme et de la femme dans le Paléolithique ancien (800000 à 600000 av. JC). La famille large devait constituer le modèle d’organisation.

A partir du Paléolithique moyen (200000 à 35000 av. JC), la famille clanique semble prendre la relève. La mère a un rôle primordial, qui éclipse celui du père, et la déesse mère consacre cet état de fait. Si la femme est active intérieurement par la gestation, l’homme l’est extérieurement, au travers de l’action. On pense que c’est à partir du Paléolithique moyen que l’homme devient de préférence droitier, liant la droite et l’action au côté masculin tandis que la gauche correspond à la féminité et à la réceptivité.

Différentes explications ont été proposées pour expliquer cette prégnance du masculin-féminin. Certaines sont religieuses et métaphysiques, d’autres sont sociales et psychologiques.

 

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