Rectoversion et Physique Quantique
(extraits)
par Michel De Caso

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Peintures monoface / Physique classique
La dualité irréductible

La peinture monoface correspond à la peinture telle qu'elle est pratiquée dans son immense majorité, à savoir que seule la face de devant, l'endroit ou recto, est peinte. Le tableau ainsi construit est l'équivalent d'une fenêtre ouverte dans le mur, c'est pourquoi sa position habituelle est celle d'être accroché contre un mur. Pour la plupart des gens, un tableau ne peut être construit que selon ce modèle. Ils n'envisagent pas que le verso puisse être peint et encore moins que les deux faces soient transpercées. Le questionnement du verso n'est pas posé, celui-ci conservant son statut de structure non vue. Cette construction du tableau, ne proposant qu'une seule proposition (recto seul peint), est donc uninaire. On peut dire aussi qu'elle répond à une conception unidirectionnelle qui insiste sur le caractère absolu de chacun des termes.

La physique classique considère deux entités fondamentales : les corpuscules, sortes de billes microscopiques et les ondes qui se propagent à la façon des vagues sur la mer. Elle considère qu'un même objet est soit un corpuscule, soit une onde.

On sait que le modèle de Bohr est le dernier modèle qui obéit à la physique classique dans laquelle on expliquait les mouvements et les phénomènes existant à l'échelle humaine. Pourtant, même si ce modèle est sans doute sécurisant ce qui explique qu'il fonctionne encore auprès d'un grand nombre d'individus, les expérimentations quantiques ont prouvé qu'il était faux et largement insuffisant pour décrire les lois qui s'appliquent à l'échelle atomique. En étudiant les particules à l'échelle microscopique, la vision quantique utilise des concepts dont la vie courante ne nous donne guère d'exemples. On comprend pourquoi il faut des années pour que des conséquences humaines puissent en découler. Même le célèbre Einstein avait refusé d'accepter certaines conséquences de la physique quantique.

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Peinture Biface /Physique Quantique
La dualité paradoxale

 

La peinture biface ou peinture recto-verso est déjà plus particulière. Quelques rares artistes réalisent ce type de peinture. La face de devant, endroit / recto, est peinte ainsi que la face de derrière, envers / verso. Le lien entre les deux faces est plus ou moins marqué et leur transpercement n'est pas pratiqué. On reste sur une approche binaire des contraires mais le questionnement du verso est nettement posé. Il s'agit ici d'une construction binaire et bidirectionnelle qui fonctionne selon la logique tiers exclus. A la différence de la peinture monoface qui met l'accent sur le caractère absolu du recto et du verso, la peinture biface participe d'une approche bidirectionnelle où l'ambivalence tient la place de choix. Elle fonctionne toutefois encore sous le principe du tiers exclu, considérant la bipolarité recto/verso comme suffisante et non suscptible d'être transgressée.

La physique quantique, en associant l'onde et la particule, c'est-à-dire le continu (ondes) avec le discontinu (particules), retient que ces entités ne sont ni tout à fait des corpuscules, ni tout à fait des ondes. C'est ce qu'on appelle le paradoxe de la dualité onde/corpuscule, qui consiste à ne pas considérer l'antagonisme onde/corpuscule comme irréductible. La remise en cause du modèle classique onde/corpuscule consiste à accepter l'existence de particules quantiques qui sont des particules qui peuvent être étudiées en tant qu'ondes. Ainsi, la lumière peut être perçue soit du point de vue ondulatoire, soit du point de vue corpusculaire. C'est Louis de Broglie qui émit l'hypothèse qu'à chaque particule, une onde pouvait être associée mais les deux aspects complémentaires de la lumière ne se manifestent jamais simultanément. Soit selon le modèle corpusculaire, soit selon le modèle ondulatoire. Le modèle corpusculaire se produit lorsqu'il y a des échanges entre la matière et le rayonnement tandis que le modèle ondulatoire se passe lorsque l'énergie du rayonnement est conservée.

Pour la peinture biface, c'est-à-dire recto-verso, la correspondance qui s'impose est celle de la physique quantique. L'antagonisme des deux termes est posé. Leur caractère relationnel est clairement binaire. Nous sommes ici en plein dualisme et l'ambivalence joue le rôle moteur. Le recto n'est plus la seule face susceptible d'être vue puisque le verso acquiert également ce droit. Bien sûr, lorsqu'on voit le recto, on ne voit pas le verso en même temps et réciproquement.

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Peinture Triface / Tiers Inclus
La dualité dépassée

 

La peinture triface ou peinture rectoversée est encore plus inédite. Non seulement les faces de devant et de derrière sont peintes mais elles sont toutes les deux transpercées. A ce jour, seule la Rectoversion propose ce genre de peinture. Le lien entre les deux faces pleines est largement amplifié et complexifié par la présence de la troisième face, la ou les percées qui sont constituées de vide. Cette construction est ouvertement ternaire c'est-à-dire qu'elle dépasse le rapport binaire en le rendant non irréductible. En outre, elle fonctionne selon la logique du tiers inclus ce qui lui permet de franchir le seuil de la transgression du dualisme, et ce, d'autant plus que le tiers inclus qu'elle pratique est réel et tangible. Son champs de prédilection est le relatif.

Le principe du tiers inclus de Stéphane Lupasco pousse encore plus loin le paradoxe de la dualité onde/corpuscule. Je pense qu'il est même envisageable qu'il en propose le dépassement. De toute façon, il est certain que la présence du tiers fait voler en éclats le caractère irréductible du binaire onde/corpuscule. La notion de niveaux de Réalité mise en avant par Basarab Nicolescu confirme l'approche ternaire et l'aspect nettement insuffisant, voire partial, de l'approche dualiste.

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