Table ronde sur la Rectoversion
Maison de Gascogne, Auch

1

Ce dossier est la transcription de la table ronde / conférence qui a eu lieu à la Maison de Gascogne d'Auch, en septembre 2006, lors du Salon "Expressions de l'art actuel". La table ronde a duré une heure et demie et cette transcription reprend la totalité des interventions. Le langage oral et spontané de ce type de rencontre a été respecté et n'a pas été modifié.

(Ce dossier fait sept pages. Pour le lire page après page, cliquez sur les flèches situées de part et d’autre du numéro de chacune des pages.)


***

Michel De Caso
On a décidé de faire une petite table ronde autour de la Rectoversion, thème central de ce Salon « Expressions de l’art actuel ». La Rectoversion est ce concept qui correspond à une façon de peindre inédite, qui consiste à peindre sur deux côtés du même tableau ; il ne s’agit pas de deux tableaux juxtaposés, mais chaque fois il y a un seul titre, c’est un seul tableau. C’est déjà un double face mais qui a la particularité en plus d’être percé. Ceci pour ne pas être réduit à travailler sur le mode bipolaire et biface. Grâce aux percées, on accède en quelque sorte au ternaire, au « trois » et non plus dans le « deux » et l’opposition : c’est pour cela que nous sommes dans la complémentarité.

Depuis que j’avais mis en ligne sur Internet le site rectoversion.com , j’ai été contacté par différents « artistes » ou non-artistes, le mot « artistes » étant mis entre guillemets parce qu’à ce jour, je ne sais plus ce que ce mot veut dire. Est-ce que c’est celui qui vit de la vente de ses œuvres d’art, est-ce que c’est celui qui est vraiment artisan à travers l’art, je ne sais plus trop… J’ai donc été contacté et petit à petit un mouvement est né autour de la Rectoversion, par des gens qui ont une pratique de peintre et d’autres qui n’en ont pas, et qui ont été séduits par cette approche. Nous sommes une dizaine et pour cette table ronde, des membres de ce mouvement sont présents, certains ayant amené des tableaux rectoversés qu’ils ont réalisés.

Etymologiquement, « rectoversion » signifie la « mise en rotation du recto », le recto étant pris dans le sens exclusif de la face vue, c’est-à-dire l’endroit.

Chaque personne autour de moi parlera tout à l’heure mais je vous les présente brièvement.

Michel Olivier, que vous connaissez est parmi nous ce soir. Nous avons peint ensemble le tableau rectoversé lors de la performance de cet après-midi. Il est connu pour avoir créer le Planart, vous avez sans doute remarqué qu’il fait des tableaux vus d’en haut, il est connu pour cela. Il fait partie du mouvement puisqu’il réalise parfois avec moi des tableaux rectoversés en direct et nous avons eu déjà plusieurs discussions sur ce sujet. Son Planart peut présenter quelques convergences avec la Rectoversion dans le sens où, c’est le cas de le dire, il n’y a pas de sens. On peut en effet tourner son tableau et le regarder dans tous les sens, mais sur une face. C’est vrai qu’avec Michel Olivier, il n’y a pas de problème sur le plan des caractères car chez les artistes, souvent, les égos sont très fort et ça peut poser problème. Avec lui, ce n’est pas le cas. Il a une grande pratique de la peinture et a réalisé de nombreuses expositions.

Après, il y a Fabrice Bianchi, qui a réalisé le grand tableau rectoversé sur votre droite, qui n’est pas tout a fait fini. Fabrice n’a pas trop fait d’exposition jusqu’à maintenant mais vous pouvez remarqué qu’il peint bien, il a le « truc » du peintre, l’essentiel.

Il y également Alexandre L’Hôpital-Navarre, qui n’a pas une grande pratique de peintre, mais qui a été longtemps séduit, si l’on peut dire, par la philosophie de la Rectoversion, il a écrit une brochure qui est à l’accueil « Métaphysique de la Rectoversion », et au niveau du concept et de la philosophie, il a saisi énormément de choses, malgré son jeune âge, et depuis peu, miracle !, il s’est mis à réaliser des peintures rectoversées, que voici. N’ayant pas une grande technique de peintre, il s’est adapté à son niveau, c’est normal.

Enfin, Jean-Michel Le Joly, qui a une technique de peintre débutant, mais qui a fait un tableau rectoversé selon les critères de la Rectoversion dont le thème tourne autour du symbolisme égyptien. Chose étrange, la tranche interne des percées, il les a faite en rouge, rose, et il ne savait pas que je fais aussi le plus souvent les tranches internes de cette couleur. De lui-même, sans le savoir, il a peint la tranche intérieure de la même couleur que celle que je mets. Par exemple, dans ce tableau, Alexandre n’a pas peint la tranche interne en rose mais en bleu. Par contre, dans celui-ci, il l’a peinte en rose. Voyez, ce n’est pas systématique.

Chacun va parler des tableaux qu’il a amenés mais on ne va pas parler nécessairement que de peinture, on va parler de ce qui est autour, du concept. Dans mes tableaux, quand on me demande par exemple, « qu’avez-vous voulu signifier sur ce côté-là ? », je reste silencieux comme une carpe, je peux parler du concept mais la peinture s’exprime d’elle-même. D’ailleurs, souvent, dans un tableau, le peintre est dépassé par ce qu’il fait. Une fois, j’avais fait une sculpture-peinture qui se voulait, dans ma tête, une critique de la télévision et de la vidéo. Et bien, certains la comprenaient comme une apologie de la vidéo et de la télévision. Alors, depuis, je dis plus rien. Alexandre, si tu veux bien intervenir maintenant.

1