L'aventure "rectoversée"
d'un non-artiste

par Jean-Michel Le Joly

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Sommaire du dossier
Introduction
I / Présentation de la Rectoversion originale

II / Sensibilité personnelle (Recto)
III/ Passage à l'acte (Verso)
IV/ Réflexion et pratique artistique (Tiers inclus)
Conclusion / Bibliographie / Photographies


Introduction

En guise d'introduction à ce petit récit, je vais commencer par me présenter brièvement. Jean-Michel Le Joly, né en face de Montségur (Ariège), le 7 avril 1978. Je suis informaticien dans le secteur public, je vis maritalement et ne connais pas encore le bonheur d'avoir des enfants. Cela fait maintenant presque dix ans que nos chemins se sont croisés, celui de ma compagne et le mien. Nous habitons actuellement un charmant petit village du Gers, département qui ne nous dépayse pas trop, compte tenu du caractère rural de celui-ci, très proche de "l'Ariègeois-way of life" que nous chérissons tant.

Lorsque l'on est enfant, on se pose souvent de grandes questions, du moins c'était le cas pour moi jusqu'à onze ou douze ans. Puis arrive l'adolescence, période où l'on doit parfois construire un mur pour échapper à certaines difficultés de la vie sociale à ce moment là de la vie. Les questions disparaissent souvent à ce moment-là, cachées de l'autre côté du mur. Ce n'est que depuis une paire d'années que les questions sont revenues, tant ma chance est grande à travers les échanges avec ma compagne et de nombreuses autres personnes qui cherchent.

C'est ainsi qu'on réalise parfois que l'on s'est jusque là laissé porter par son entourage et par la succession d'évènements qui traversent la vie. Ceci explique une formation scientifique, loin de toute considération artistique ou philosophique ; et bien que ne regrettant pas cet apprentissage, je ressens aujourd'hui le besoin de combler certains vides.

Ce petit récit va vous expliquer en quoi la "Rectoversion" participe activement à ma quête personnelle, par les réflexions et les échanges qu'elle engendre, ainsi bien entendu que par sa pratique chez un non-artiste tel que moi.

 

I/ Présentation de la Rectoversion originale

Tout d'abord, nous allons devoir définir pour ceux d'entre-vous qui n'en ont jamais entendu parler, ce qu'est la "Rectoversion". Je ne vais pas plagier Michel De Caso, l'homme à l'origine de ce support-concept, en utilisant ses mots. Je vais juste vous dire comment je perçois ce concept, et je ne saurai que vous conseiller la lecture de Michel, au travers de ses différents ouvrages sur le sujet et de son site internet www.rectoversion.com. Pour rester en conformité avec la conception originale, nous conviendrons de parler de "Rectoversion" avec un R majuscule, lorsque l'on parle du concept.

Pour le néophyte en matière d'art que je suis, ma première approche de la Rectoversion me laissait entrevoir une peinture biface, avec une ou des percée(s). Je ne mesurais pas à l'époque l'importance de cette véritable troisième face, qui dépasse pleinement la dualité Recto/Verso. Elle est même à mon sens d'aujourd'hui l'essence de l'originalité du concept développé par Michel De Caso.

Un tableau rectoversé se présente sous la forme d'une surface plane, rigide, ayant une certaine épaisseur. Cette surface présente la particularité d'être peinte sur ses deux faces et d'être munies d'un ou plusieurs trous, communs aux deux faces de l'œuvre. Original me direz-vous ! En effet, ce qui est le plus saisissant dès le départ, c'est cette magnifique idée de peindre sur les deux faces, et ce qui l'est encore plus, c'est le lien que la ou les percées peuvent apporter à ces deux faces, qui peuvent être en opposition ou complémentaires. Imaginez un instant à quel point ce mode d'expression artistique peut occuper une place centrale dans l'espace d'une pièce. La peinture se voit enfin délivrée de contre le mur pour pouvoir être admirée au milieu du salon !

Le regardant doit tourner autour de l'œuvre pour s'en faire une idée, et ne peut donc pas rester passif, dans une attitude contemplative standard. Il appréhende la première face d'une certaine façon, puis doit tourner autour du tableau pour appréhender la deuxième, avant de recommencer l'opération pour s'imprégner de l'œuvre dans sa globalité.
Les possibilités d'interprétations s'en trouvent dès lors décuplées, surtout si l'artiste ne donne pas son propre point de vue. Les notions même de Recto et de Verso du tableau peuvent différer d'un individu à l'autre. La ou les percées ouvre(nt) des perspectives quasi infinies, telle une fenêtre sur l'Univers.

Vous l'aurez compris, le concept m'a vraiment séduit dès la première fois où mon regard a croisé une œuvre rectoversée, d'où cette envie de vous livrer aujourd'hui avec toute l'émotion et la sensibilité qui m'animent, cette expérience si enrichissante.

 

II / Sensibilité personnelle (Recto)


Comme je l'ai déjà dit un peu plus haut dans l'introduction, je suis de formation purement scientifique et étais jusqu'il y a peu carrément hermétique à l'Art en général (hormis bien entendu la musique et le cinéma), et comme beaucoup à l'Art Contemporain en particulier. Bref, un français moyen issu de la classe ouvrière, que je ne veux surtout pas dénigrer ou renier ; dont l'objectif principal insufflé par sa famille, était de bien travailler à l'école pour ne pas atterrir plus tard à l'usine.

Je n'étais donc pas sensible, ou du moins je ne le savais pas, jusqu'il y a peu à la beauté picturale ou aux idées véhiculées à travers la démarche artistique. J'ai d'ailleurs énormément de lacunes que je n'aurai pas le temps de combler dans ma vie, mais je compte bien y travailler pour le temps qu'il me reste. Cette formation et cette culture scientifique m'ont apporté une certaine capacité d'analyse, mais ont fait de moi un être peu sensible.

Aujourd'hui, je ne sais pas encore qu'elle est la voix qui s'est élevé au fond de moi, mais toujours est-il que la tendance s'est inversée. Je crois avoir compris que toute forme d'absolutisme est néfaste à l'équilibre global. En poussant le raisonnement jusqu'au bout, on pourrait même dire que la lutte totale contre l'absolutisme est elle aussi absolue donc néfaste l'équilibre. Je ne suis peut-être pas très clair, mais ce que je veux dire par là, c'est que ma recherche est axée sur l'équilibre. L'équilibre entre rationalisme et rêve, entre physique et mental, équilibre par la modération dans les idées, équilibre entre enthousiasme et mélancolie, équilibre entre lumière et part sombre de soi.

Bref, la liste pourrait s'allonger pratiquement à l'infini, mais chacun pourra trouver soi-même des exemples qui correspondent à son chemin de Vie.

C'est parce que j'ai eu la chance de rencontrer Michel De Caso et de découvrir la Rectoversion à un moment de ma vie où cette recherche prend forme, que ce concept m'est apparu comme un fabuleux véhicule de cette quête d'Equilibre.

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