Introduction
Les
disciplines savantes constituent la base solide d'un peuple et d'un
pays à travers la culture véhiculée notamment
par l'éducation. Une civilisation, comme toute chose, s'inscrit
toujours dans une parabole en forme de cloche .... il y a un début,
une apogée, une fin.
Les passionnés d'art, à travers l'étude des
civilisations depuis l'aube de l'humanité, reconnaîtront
dans la phase montante une courbe favorisée par le développement
des techniques mais aussi et avant tout par la culture, à
travers les échanges entre les disciplines et les autres
pays. La phase finale quant à elle est toujours caractérisée
par la décadence d'un peuple où la guerre et le manque
de moralité et d'éducation sont les maîtres
mots. Sans vouloir dresser un tableau pessimiste de notre pays (quoique),
mais simplement pour sensibiliser la population, un faible pourcentage
d'intellectuels mais très lucides tendent à penser
que notre civilisation européenne commence à dépasser
ce point d'apogée, du moins si cela n'est déjà
pas vérifié. La violence grandissante et la répression
qui s'en suit sont un symptôme particulier qui vient confirmer
cette hypothèse.
Quel
est le panorama culturel de la France actuellement ? "Du pain
et des jeux" tout comme à l'époque de la décadence
romaine, dans le but d' endormir la majorité de la population...
Il est en effet plus facile de canaliser et de satisfaire le plus
grand nombre que de contenir la révolte de la minorité
!!! Ainsi les émissions de divertissement en tout genre ont
remplacé les arènes et les gladiateurs, le sexe (TV,
médias, et même chez les créateurs de mode -
Porno Chic développé par les Parfums Yves St Laurent
, quel manque de créativité ! )et la violence sont
omniprésents ... tous les éléments sont là
pour engendrer l'abrutissement de notre pays et cette décadence
de l'esprit !
Certains
vont certainement voir d'un il rieur ce préambule,
mais il faut alors leur avouer qu'ils n'ont pas assimilé
toutes les données du problème. L'art et la culture
en France sont malades, tandis que de part et d'autre les intellectuels
et les artistes sont sur le pied levé et des comités
de défense voient le jour, tout cela dans l'ombre, sans qu'aucun
média n'en parle véritablement.
Les
champs d'action des disciplines savantes diminuent au fil des ans,
depuis environ une bonne trentaine d'année : on tronque les
subventions culturelles au détriment des sportives, on réduit
le budget de la Culture, on chasse les artistes des squats (comme
on chasse les marchands du temple) et on arrive même à
condamner une avocate qui jouait de l'accordéon dans les
rues de Brives sous prétexte qu'elle demandait l'aumône
(septembre 2002) !!! Cette pauvre avocate risque d'être radiée;
elle a d'ailleurs été sévèrement réprimandée
par ses confrères qui ont vu dans cette "passion musicale"
une attitude indécente, indigne pour une représentatrice
de la Cour de Justice...entre étude, esprit et culture, le
fossé semble s'élargir ! Là aussi la balance
symbolique semble pencher du mauvais côté ...
La
révolte gronde au sein des artistes et des intellectuels
et le soulèvement approche ... La répression a été
adoptée pour remédier à la violence, qui est
la cause même et directe d'un problème situé
en amont : la lassitude, le manque d'engouement, le repli sur soi-même,
l'individualisme, la grisaille des bâtiments modernes ...
Pourquoi ne pas faire appel aux artistes pour éduquer, et
réapprivoiser ce goût de l'esthétique? Où
est cet élan culturel qui rassemble toutes les disciplines
artistiques, ce savoir faire en matière d'architecture, de
décoration ? Peintres, sculpteurs, graveurs, musiciens, écrivains,
philosophes, créateurs, architectes, ensemble, notre rôle
est là, au quotidien !!! Les chaînes de télévision,
formidables véhicules d'échanges et reconnues comme
le seul moyen d'informations par la majorité des familles
françaises, sont-elles prêtent par exemple à
diffuser enfin des émissions dignes de ce nom au moins une
fois par semaine en soirée au détriment du "Saint-Audimat"
??? Notre gouvernement saura-t-il se dispenser encore longtemps
de cette formidable machine créative que constituent les
artistes et les intellectuels, ou sera-t-il assez lucide pour comprendre
et agir afin de renoncer à l'effondrement culturel de notre
pays ?
L'art
en France
Le
XXIème siècle semble engager l'art français
dans une lutte opposant actuellement l'art officiel soutenu par
l'état, d'une part, et les organismes (salons, associations...)
ainsi que le reste des artistes en marge d'autre part.
Que
se passe-t-il donc dans notre pays pour que l'on s'intéresse
autant à ce soulèvement manifeste de part et d'autre,
alors qu'aucun mot d'ordre n'a été donné ?
Comme tout bouleversement politique, le bouleversement artistique
apporte de nouvelles données idéologiques et créatives
qui façonnent le paysage culturel d'un pays; or, il se trouve
justement que la France se situe à ce point de rupture artistique
dont le rejet grandissant de l'art officiel va inévitablement
conduire au remodelage de l'horizon culturel.
Avant
de prendre part à ce soulèvement, il est important
d'analyser la situation...
Qu'est
ce que l'art ? Difficile de résumer ce moyen d'expression
en seulement quelques lignes... en tout cas, et ce qui est sûr,
c'est que l'art est avant tout une doctrine, un dogme spirituel
que l'artiste ou tout autre représentant de l'art se doit
de respecter comme un chemin de croix. La créativité
est le reflet de la spiritualité, l'expression celui de la
sincérité et de l'authenticité. Un artiste
en général, s'il veut prétendre à la
reconnaissance, doit donc respecter ces données. Malheureusement,
il faut bien avouer que l'on a du mal à prêter certaines
attentions spirituelles aux artistes contemporains qui semblent
plutôt attirés par la doctrine du "n'importe quoi
pourvu que ça se vende". En fait il convient tout à
chacun de se remettre en cause et de pratiquer son art en bonne
conscience et d'être en harmonie avec ses convictions.
Ce
qui est pernicieux dans l'art moderne contemporain c'est qu'il a
ouvert de nouvelles voies à cette ascension mercantile et
opportuniste, non compatible avec ce que nous avons lu plus haut.
Il ne s'agit pas de pratiquer l'ascétisme absolu mais il
convient de garder des valeurs justes et convenables. Cet art officiel
contemporain est en fait contrôlé par une bourgeoisie
mondaine et politique, style JET SET, soutenue par l'état
et ses représentants qui côtoient ces deux univers
très proches car aspirant aux même intérêts.
Ces
vastes réseaux de connaissances alimentent tout un marché
placé à tous les niveaux. Depuis la création
(mécénat des artistes voués à une ascension
rapide, subventions culturelles élevées) jusqu'à
la vente (espaces, galeries), en passant par les musées (musées
d' art contemporain : Beaubourg, FRAC ... ) et les salons (FIAC
en France, Turner Prize en Angleterre ... la liste est très
longue), tout ceci étant orchestré par la médiation
et la critique de l'art qui vont dans ce sens, par peur de la baisse
de leurs tirages.
L'uvre
ici n'est plus qu'une marchandise vouée à la spéculation
pure, et aboutit à une reconnaissance non justifiée,
tout en faisant croire à un public perdu et médusé
ainsi qu' à l' artiste lui-même, à un génie
artistique. Ce public est pris en otage, manipulé, arraché
entre ses convictions et la vision de l'art qui lui est imposée.
Il n'est même plus capable d'apporter le moindre jugement
personnel et il est contraint de se soumettre, de donner son entière
confiance aux critiques de l'art, eux-mêmes victimes d'une
société vouée à la dérive. Bref
on l'entend plutôt dire "Vous savez, moi je ne m'y connais
pas trop dans l'art" plutôt et simplement que "J'aime
ou je n'aime pas cette oeuvre parce que...". Ainsi cette accessibilité
sans convictions, aboutit à la vulgarisation de l'art à
l'atrophisation intellectuelle qui discrédite les vrais artistes
cloîtrés dans leurs ateliers ainsi que les associations
et les organismes qui se battent au quotidien pour favoriser les
échanges culturels et étendre ce rayonnement de l'art
français hors de nos frontières.
Depuis
les années 70, cette régression accompagnée
d'un laxisme et d'un désintérêt de la part des
élus politiques, a conduit par exemple à une nette
baisse de la promotion des artistes français contemporains
élevés au rang international (ce qui n'est pas un
aboutissement en soi), à la diminution progressive des subventions
et des aides financières ou matérielles, et à
une baisse flagrante du marché de l'art mondial détenu
par la Grande-Bretagne, la Chine et le Japon.
©
Eric Vançon
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extrait du site www.artistorama.com
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