RECTOVERSION, AN 10 DE L'AN 10.000

LE JOURNAL

numéro 1 - juillet 2003

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Communiqué de presse
(publié initialement en mars 2002)

"La Rectoversion enseigne ceci : ce qui oppose un monde à un autre ne tient pas à grand chose; une bande de bois; juste un point de vue subjectif , tout relatif. En fin de compte, il n'y a pas séparation, pas de conflit. Il suffit juste de se taire et de traverser". A la suite de Marcel Duchamp qui avait écrit : "c'est le regardeur qui fait le tableau", la Rectoversion déclare : "c'est le regardeur qui fait le recto".

En peignant nos peintures non plus uniquement sur leur face visible (recto) mais également sur leur face cachée (verso), nous avons découvert un champ d'investigation vierge. Ce procédé plastique de peindre les deux faces d'un tableau nous a permis de continuer à pratiquer la peinture dans sa plus stricte bidimensionalité tout en proposant une approche plastique inédite. Nous situons cette pratique dans une critique plus générale d'une idéologie de la rectitude, symboliquement masculine, qui a engendré une dévalorisation de tout ce qui peut se rapporter au verso, au profit exclusif de ce qui est rectiligne et associé au recto.

La Rectoversion, proposition plastique née du questionnement du verso, s'inscrit dans un contexte plus général d'une avancée des valeurs symboliquement féminines et apporte un éclairage différent sur tout ce qui peut s'associer au verso. Pour autant, elle ne saurait s'assimiler ni à une réversion, ni à une inversion. En aucun cas, son propos serait d'ériger le verso en recto ou vice-versa. Fondamentalement ouverte à l'autre, elle se nourrit plus des différences qu'elle ne les nie. En proposant une approche nouvelle du tableau, elle se situe dans un monde nouveau où rationnel et irrationnel deviennent complémentaires mais où les différences subsistent.

En art comme ailleurs, les choses ne changent pas jusqu'au moment où ceux qui avaient intérêt à ce qu'elles ne changent pas perçoivent la nécessité du changement. Nous en sommes précisément à ce point-là en art contemporain. Même les tenants de l'art contemporain le plus éculé, celui qui trouve sa véritable origine dans les ready-made de Marcel Duchamp, se doutent désormais qu'ils sont engagés dans une impasse. La digestion du complexe Duchamp serait pour eux la meilleure sortie. Nous ne doutons pas un instant qu'ils y parviendront. Toutefois, leur résistance à s'en sortir pourrait bien être à la hauteur de la stérilité des oeuvres contemporaines qu'ils ont coutume de donner à voir depuis des décennies.

Nous n'avons pas de leçons à donner. Au nom de quelle vérité pourrait-on affirmer ceci ou cela, quand on sait que les vérités sont souvent multiples et parfois même contradictoires ? Nous constatons également tous les jours que le changement individuel précède le véritable changement collectif. C'est pourquoi la Rectoversion est une porte ouverte sur un monde inexploré : celui de la pensée visionnaire de l'artiste qui précède inéluctablement la mutation plus générale de la pensée de son époque. Pour être plus précis, nous pouvons même avancer que cette mutation correspond ni plus ni moins à la fin de l'idéologie de la rectitude issue de la Renaissance.

L'art a accompagné l'homme dans toute son histoire. Si l'art est un miroir de la société, si l'art témoigne de notre culture, il est existentiel que l'art rentre dans notre vie quotidienne. Face au formidable malentendu qu'est l'art contemporain, la rectoversion nous apparaît comme la réponse idéale pour anéantir toutes ces idées prédigérées, préformatées qui encrassent l'imaginaire. C'est la fin du cauchem'art.

Les fondateurs du mouvement, le 5 mars 2002
Michel De Caso, Michel Bondou, Yves Aubrymore
(ces deux derniers ont démissionné du mouvement respectivement en novembre 2003 et août 2002 )

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