"
Si cette muse, Monsieur, à qui vous n'êtes rien
avait l'honneur de vous connaître,
croyez moi qu'en vous voyant aussi gros et bête comme une
urne,
elle vous flanquerait quelque part son cothurne
"
(Cyrano
de Bergerac)
Depuis mars 2002, le mouvement artistique "rectoversion, an
10 de l'an 10.000" regroupe des créateurs préoccupés
par les notions de l'endroit, de l'envers et de leur relation réciproque.
Nous aurons tout le loisir d'en reparler dans les prochains numéros
car pour ce premier éditorial, et à la veille du second
colloque du mouvement, j'aimerais revenir aux divers échanges
épistolaires que j'ai eu avec des artistes (Carole Leboss,
Eric Vançon (1) pour ne citer qu'eux
) et qui ont été
suscités par la parution dans le dernier numéro de
l'excellent magazine Artention (2), d'un non moins excellent dossier
consacré à "l'art officiel".
Le
constat est plutôt édifiant bien que déjà
connu. Que de talents sacrifiés ! Que d'argent vilipendé
! Que de temps perdu ! Et que penser de cette manipulation permanente
des esprits, cette perversité intellectuelle et morale du
monde politique, financier sans oublier des médias, pour
que le peuple devienne inculte (à son insu
) afin de
lui faire passer le rien absolu pour la bonne parole ? Nous voici
en plein élitisme !
Mais
nous découvrons très vite les limites de cette forme
de culture, de cette forme d'art. Il va falloir aller voir ailleurs,
car ce système est restreint et tourne très vite en
rond. Toutefois, il reste une lueur d'espoir : contre vents et marées,
il y a des galeristes et des artistes qui travaillent sans être
pour autant "branchés art con" et nos régions
fourmillent d'artistes de talent.
Seulement
à l'heure où l'on nous parle de décentralisation,
la culture se concentre d'où cette allusion à des
mondes parallèles (marché de l'art d'en haut et d'en
bas en somme). Cependant tout bien réfléchit, il n'y
a pas de marché de l'art d'en haut ! Le marché de
l'art pour ces "gens" est une manne providentielle car
elle est malléable ! On prend, on jette les artistes des
marchés au gré des tendances, des milieux et des intérêts.
Au diable le reste ! Ici encore la désinformation va bon
train et tout ceci, hélas, n'élève guère
le genre humain
Alors soyons vigilants, défendons l'art
et les artistes contre les " néo-libéraux-capitalistes
" de l'OMC (3) et de l'AGCS (4) !
©
Michel Bondou
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(1)
Eric Vançon est peintre et responsable du site Artistorama
(www.artistorama.com)
dans lequel vous pouvez découvrir son " coup de gueule
" dont vous trouverez un extrait dans ce numéro.
(2) Artention n° 11 (mai/juin 2003)
www.artension.fr
(3) Organisation Mondiale du Commerce
(4) Accord Général sur le Commerce des Services.
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