Pour
lancer le débat théorique, nous avons choisi un texte
d'Alexandre L'Hôpital-Navarre, extrait de son livre "Métaphysique
de la Rectoversion" (2003). Cet extrait traite de la Percée
dans la Rectoversion originale.
Si
le thème rectoversé mobilise questionnements, esprit
critique, recherche de l'inconnu, parfois révolte contre
l'ordre établi, le concept plastique créé par
MDC est pourtant totalement abouti et établi depuis 1991.
Sa substance, son essence, son mystère ne tiennent pas dans
la résolution androgynale de la dualité des deux faces,
ni dans l'extraction et la libération du mur d'exposition,
ni même dans la polarisation picturale des surfaces planes.
Sa clé de voûte, c'est la Percée.
Ainsi, la Rectoversion n'est pas dualiste mais ternaire: elle pense,
agit et s'exprime toujours en "3" :
-
Matériellement, la Percée instaure une respiration
qui anime l'uvre physiquement. Animation vient du latin anima
qui a donné âme.
- Visuellement, la Percée apparaît comme un vide, un
espace vierge, libre, ouvert. Magie où l'informel se manifeste
par les formes des faces peintes. Comment peut-on matérialiser
le vide qui est par nature immatérialisable sinon par une
pure création? La Rectoversion rend physiquement visible
l'invisible, définition première et théorique
de l'Art.
- Enfin, la Percée implique une transformation, c'est-à-dire
un passage au-delà de la forme donnée (des deux faces
peintes), qui met l'artiste et le regardeur en prise à des
forces considérables. En effet, pour s'imprégner pleinement
de la vision d'une Percée et surtout pour l'inclure dans
sa création plastique, il faut nécessairement effectuer
en soi une transformation intégrale du point de vue qui place
l'être au-delà du corps et du mental. C'est pourquoi
la Rectoversion est un art indubitablement initiatique et spirituel.
Mais
ce concept n'est pas un canon académique arbitraire de formatage.
Il est un support de création ouvert et libérateur.
Si Buren ou Ben s'aventuraient à peindre un tableau rectoversé,
ce serait encore du Buren ou du Ben, bien que l'on puisse douter
aisément que ceci soit le cadet de leurs préoccupations.
D'ailleurs, MDC se refuse toujours d'utiliser l'art ou de prendre
prétexte de la Rectoversion pour faire de l'Esprit ou de
l'initiatique. Il est artiste plasticien, avant et après
toute chose.
La
voie est libre. Elle ne nie pas l'expression individuelle, elle
la consacre, l'inclut, la libère entièrement dans
une vision globale et universelle: celle de l'intégralité
du point de vue et de l'abandon des fruits de l'action, exactement
comme le fait la Rectoversion originale.
©
Alexandre
L'Hôpital-Navarre
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Extrait de " Métaphysique de la Rectoversion",
ALN, ADAP, 2003.
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