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- - N°410 du 6 Jan. 2005 - ARTS GAZETTE INTERNATIONAL - - -
«
Michel De Caso Artiste Inventeur et Philosophe, par lui-même.»
«
Usant de son droit de réponse concernant son oeuvre dans
larticle de notre Numéro 408, et avec notre plein accord
et allant même bien plus loin que ce droit, nous laissons
très volontiers la plume à Monsieur Michel De Caso
pour quil nous donne des précisions techniques. Il
est vrai que celles-ci comme son but, ne nous semblaient pas toujours
suffisamment claires.
Malgré
tout nous avons voulu parler de ses créations, car nous avons
senti lintérêt de son idée, et plus encore
en nous basant sur le chercheur, lhomme réfléchi,
le penseur, qui se sert de ses dons artistiques pour exprimer un
message. Rien que pour cette raison, Michel De Caso, suscite notre
intérêt. Mais nembrouillons pas les choses, son
écriture est concise et précise, autant lui laisser
la parole. Simplement son texte étant un peu trop longs,
vu les impératifs de poids de notre diffusion, nous le scindrons
en deux parties. »
© Christian Germak
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Monsieur
Christian Germak, je ne souhaite ni polémiquer avec vous
ni vous dire ce que vous devez écrire à mon sujet.
A ce titre, je respecte totalement votre liberté d'écriture
et de parole. Comme vous, je suis extrêmement attaché
à cette liberté de pensée. Mon intervention
s'inscrit dans le cadre d'un droit de réponse que je vous
ai sollicité et que je vous remercie de m'avoir accordé.
Mes propos visent essentiellement à préciser un certain
nombre de points que vous abordez dans votre texte.
Tout
d'abord, je crois utile de situer le contexte. Le dimanche 19 décembre,
vous m'appelez au téléphone pour m'informer que vous
avez écrit un article me concernant dans votre revue Arts
Gazette International n°408 à partir de la visite de
mon site. Vous me précisez que votre texte fait une page
ce qui est rare dans ce type de critique que vous écrivez.
Vous me précisez également que votre intervention
comporte deux volets, un volet négatif lié aux droits
de reproductions mais qui ne concerne pas mon oeuvre, que vous considérez
comme valable, et un autre positif parlant de mon travail. Vous
insistez sur le fait que mon travail artistique véhicule
une pensée et que cela, c'est intéressant. Vous m'invitez
même à passer vous voir chez vous à Cely-en-Bière
lorsque je viendrai sur Paris puisque je connais bien la région,
ayant habité Milly-La-Forêt pendant plusieurs années.
Bref, l'entretien téléphonique est courtois et nous
dialoguons sur différents sujets de façon aimable.
Suite
à votre appel, j'attends votre texte, relativement confiant.
Puis, je reçois par courriel votre revue et découvre
votre texte en question. J'avoue que je suis alors décontenancé.
Non pas que j'attendais de votre part un article publicitaire mais
j'espérais, compte tenu des propos que vous aviez tenus au
téléphone, que votre texte serait bien moins négatif
qu'il ne l'est en réalité. D'ailleurs, après
l'avoir fait lire à plusieurs personnes, il n'y a pas eu
une personne qui n'ait eu envie d'aller visiter l'exposition de
la Galerie Artitude ! Ces personnes d'origines diverses, comme moi,
ont été extrêmement surprises déjà
de constater que l'essentiel de votre texte traitait du droit de
reproduction des uvres, de l'ADAGP et de ses conséquences.
Je
reprends maintenant quelques uns des points que vous avez abordés
dans votre article et vous propose de les commenter et d'y apporter
des précisions.
Sur
la protection juridique du concept :
Vous exprimez avec force votre refus de la protection juridique
artistique.
«
... je suis toujours personnellement très choqué
lorsqu'un artiste fait protéger une idée. Michel De
Caso annonce d'entrée de jeu qu'il a fait protéger
par l'ADAGP ses droits de reproduction.»
Puis,
vous citez précisément votre propre expérience
d'inventeur en indiquant, si j'ai bien compris, que vous n'aviez
pas procédé à la protection juridique de vos
inventions.
«
Et ce point de vue n'est pas égoïste, puisque moi-même
pour des raisons morales, j'ai préféré diffuser
et décrire dans l'Echo Touristique les éléments
et principes du système d'enregistrement en vol, dénommé
par la suite « Boite noire », plutôt que de vivre
en restreignant la diffusion d'une idée, même si celle-ci
prend le qualificatif d'invention. Autre exemple également
inventé par moi pour servir l'humanité, celui appliqué
pour le répondeur téléphonique. Une idée
et une technique diffusées à la Maison de la Chimie
lors d'un congrès de la SNCF pour les agences de voyages.
De même pour le concept « à la carte »
jusqu'à la sortie par moi des Voyages : Maroc à la
carte, puis Grèce à la Carte dans les années
59-60. Le principe de liberté de la Carte étant utilisé
jusque là par les seuls restaurants. »
Pour
en revenir à la peinture, c'est surtout lorsque j'ai mis
en ligne mon site web que j'ai été confronté
à cette notion de protection juridique. D'ailleurs, en lançant
le concept de la Rectoversion sur le Web, je n'ai pas trouvé
une seule personne qui ne m'ait invité à faire protéger
le concept. Et effectivement, des tentatives de détournement
et de plagia ont bien eu lieu dans les mois qui ont suivi la mise
en ligne du site. Aussi, pour refroidir les velléités
de certains, j'ai cru bon de mettre des protections juridiques et
il m'a semblé que l'affiliation à l'ADAGP faisait
partie de ces protections.
Vous
m'informez aujourd'hui de la mauvaise réputation de l'ADAGP
auprès des salles de rédaction. Je l'ignorais, j'en
prends bonne note. De toute façon, à ce jour, je n'ai
qu'un tableau référencé à l'ADAGP. Il
est vrai que sur les photos de mes tableaux que vous avez consultées,
il est possible qu'un certain nombre d'entre elles reprenne la mention
Copyright ADAGP. C'est une erreur de ma part car j'ai oublié
de le supprimer. Le seul tableau pour lequel le copyright ADAGP
s'applique est en réalité « Juin 04/I ».
Par
contre, sur mon site, tous les tableaux sont en Copyright ADAP (et
non ADAGP). L'ADAP (Association De Caso Artiste Plasticien) est
une association déclarée qui n'a rien à voir
avec l'ADAGP et dont les buts sont, entre autres, de faire connaître
la Rectoversion. Le fait que les deux sigles soient proches n'est
dû qu'au hasard.
Aujourd'hui,
alors que le concept de la Rectoversion est plus connu, notamment
grâce à Internet, et qu'il ne s'agit plus uniquement
de le faire « connaître » mais bien « reconnaître
», j'admets volontiers que votre remarque puisse avoir sa
raison d'être.
Sur
mes influences artistiques :
«
Michel De Caso nous dit d'ailleurs avoir vécu dans l'ombre
de Jean Cocteau à Milly, et dont on sent l'écho dans
certaines de ses toiles. Il dit aussi avoir été inspiré
de la forêt de Fontainebleau, soit, mais il hérite
donc de tout un passé qui ne lui est pas propre.»
Il
va de soi que je ne suis pas un extra-terrestre et que je m'inscris
dans des filiations diverses, comme tout un chacun. J'en parle ouvertement
dans mes écrits. Je revendique notamment une filiation directe
avec le surréalisme et il n'y a qu'à lire ma rubrique
web pour voir les nombreux hommages que je rends à certains
artistes et penseurs qui m'ont nourri. En outre, dans l'étude
« Rectoversion, analogies et différences » (2000),
j'analyse des oeuvres d'autres artistes qui peuvent présenter
des convergences mais aussi des différences avec la Rectoversion.
Pour avoir une idée, j'y examine des oeuvres des artistes
suivants : Mathias Grünewald et les diptyques médiévaux,
Hans Arp, Marcel Duchamp, Lucio Fontana, Antoni Tàpies, Enrico
Castellani, Frank Stella, Giulio Paolini, Claude Rutault, Daniel
Dezeuze.
Sur
l'aspect novateur de la Rectoversion :
Si je reprends vos propos, vous estimez que toute peinture à
l'huile, même peinte sur une face, revient à être
peinte sur son verso :
«
... car dans la peinture à l'huile par la migration des
pigments, certes peints sur une même face, une patine se créait
qui aboutissait elle aussi à une fusion de deux surfaces
peintes. »
Je
ne vois pas en quoi cette « fusion » présenterait
une correspondance avec le choix délibéré de
peindre le verso et, surtout, de le montrer. En effet, malgré
cette « migration des pigments », la toile en question
continue d'être accrochée parallèlement au mur,
puisque son auteur n'a eu le désir ni d'en peindre le verso,
ni de le montrer. Ainsi, ce n'est pas cette vague « patine
» qui peut suffire à en faire une toile double face.
Par ailleurs, ceci ne pourrait concerner que les toiles et qu'en
serait-il des supports en bois, par exemple, où toute «
migration » est impossible ?
Puis,
vous indiquez qu'une toile peinte sur deux faces n'est pas nouveau
:
«
Quant à une toile peinte sur ses deux faces la chose n'est
pas nouvelle.»
Vous
avez tout à fait raison, dans l'histoire de l'art, il y a
déjà eu des peintures double faces. Elles sont rares
mais il en existe. C'est pourquoi je n'ai jamais prétendu
avoir inventé la peinture double face. La remarque sur la
position du tableau par rapport au mur que je viens d'aborder il
y a un instant se pose ici plus spécialement puisqu'il s'avère
que ces tableaux double faces sont accrochés au mur de façon
habituelle, c'est-à-dire parallèlement. Ceci se comprend
aisément car si leurs auteurs ont ici peint réellement
l'envers de la toile, c'est le plus souvent par manque de support
disponible et il n'était guère dans leur intention
de positionner le tableau de façon à ce que les deux
faces soient susceptibles d'être vues.
A
partir du moment où le peintre désire sciemment peindre
le recto et le verso du tableau et qu'il désire également
que chacun soit susceptible d'être vu par le public, se pose
inéluctablement la question de l'accrochage dudit tableau.
Or, cette question de l'accrochage est cruciale dans la Rectoversion
puisqu'une peinture rectoversée n'est jamais accrochée
au mur parallèlement.
En
plus de cet aspect essentiel de l'accrochage, il s'avère
qu'une peinture rectoversée n'est pas uniquement une peinture
double face. Que ce soit dans mes écrits, interviews ou pages
théoriques de mon site, je n'ai de cesse en effet de répéter
que la peinture rectoversée n'est pas une peinture recto
verso habituelle et c'est pourquoi j'ai dû créer le
néologisme « Rectoversion » pour la nommer.
Vous
reconnaissez ensuite que ce qui est relativement nouveau, c'est
la continuité du sujet sur les deux faces :
«
Ce qui est relativement nouveau c'est deux interprétations
du même sujet sur les deux faces. Je dis relativement car
je dois avoir des dessins sur papier réalisés dans
les années 1930 et qui répondent à ce critère.
»
Les
dessins auxquels vous faites allusion existent peut-être et
il se peut même qu'il y ait quelque part des peintures qui
présentent une continuité entre le recto et le verso.
En admettant que cela puisse être le cas, les convergences
avec la Rectoversion seraient alors fortes et votre remarque serait
pertinente. Pourtant, reste à savoir si le support est percé
de part en part. Comme il est probable que ce n'est pas le cas,
il est difficile d'appeler rectoversés ces dessins et peintures.
On
pourrait ici s'amuser à pousser l'hypothèse jusqu'à
son extrême logique, à savoir envisager que quelque
part, en certains lieux, il existe déjà une peinture
qui répondrait aux critères de la Rectoversion. Pour
ma part, je l'ignore et si cette hypothèse s'avérait
un jour exacte, il n'empêche qu'il reste incontestable que
jamais, dans l'histoire de l'art, sur les plans pratique et théorique,
le questionnement de l'endroit, de l'envers et de leur relation
réciproque n'a été poussé si loin que
dans la Rectoversion.
Dès
1992, j'ai confronté ce concept à l'Université
Paris 1 Panthéon-Sorbonne où j'avais déposé
un mémoire de maîtrise arts plastiques dont le sujet
était justement « La Rectoversion ». Mes directeurs
de recherches, Daniel Cohen et Richard Conte, m'avaient alors confirmé
que ce concept était novateur et inédit.
©
Michel De Caso
*
Article paru dans la revue culturelle et artistique "Arts Gazette
International" n° 410, 6 janvier 2005.
http://www.artsgazette.fr/
(ce texte est ici uniquement pour "faire débat"
et en aucun cas dans un but promotionnel)
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