RECTOVERSION, AN 10 DE L'AN 10.000

LE JOURNAL

numéro 5 - février 2005

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Manifestez-vous ! *

Voici l'heureuse initiative de la revue Artension, extraite de son numéro 21 de janvier-février 2005. Vous pouvez télécharger le Manifeste ci-dessous ainsi que la lettre au Ministre sur le site de la revue * . Compte tenu de la nécessité de faire connaître ce Manifeste, je l'ai passé en totalité également sur le site www.rectoversion.com, dans ma rubrique web "la page rectoversée" n° 26 **. J'en ai informé le directeur d'Artension, Pierre Souchaud, qui non seulement m'a donné son accord mais m'a remercié pour ce relais.
MDC

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Il est temps de se manifester

La coupe est vraiment pleine

La coupe est vraiment pleine, pour la plupart des acteurs de l’art d’aujourd’hui en France, devant le désastre que constitue une pensée artistique institutionnelle, incapable de tout dialogue, sourde et aveugle aux réalités, totalement livrée à elle -même, coupée de toute possibilité extérieure de régulation et méprisant scandaleusement la plus grande partie des créateurs de ce temps.

Les analyses, recherches critiques et publications informant de cette situation existent pourtant et sont diffusées. Elles disent pourquoi et comment l’art et la culture sont instrumentalisés par divers mécanismes qui le vident de son sens et le déshumanisent. Elles disent que la vie des artistes est précarisée et que la création est asphyxiée.

Mais il s’avère que cela ne suffit pas pour faire changer les choses…( même si quelques rares «frémissements» vers un retour du sensible – et de la peinture – peuvent être décelés ici ou là dans les lieux institutionnels).

Nous avons donc conçu ce manifeste, non pas comme doléance revendicative ou quémandeuse, mais comme moyen de dénouer les blocages, de faciliter l’expression et révéler l’ampleur d’une exaspération générale, de fabriquer et proposer un objet de réflexion, clair , massif, sans ambiguïté ni édulcorant, sans possibilité de récupération, détournement ou traduction en langue de bois. Et de faire en sorte que cet objet, par sa présence et son ampleur, déjoue les appareils de brouillage et de déni de la réalité, et fasse apparaître le ou les récepteurs appropriés...parmi lesquel pourrait figurer le Ministère, auquel il est adressé en premier.

Si vous n’êtes pas résigné à subir éternellement la situation actuelle, nous vous invitons instamment à signer et envoyer le manifeste ci-joint à M. le Ministre, ainsi qu’ à le faire circuler auprès du plus grand nombre possible de personnes: il en va bien sûr, de la réussite de cette action collective, de son crédit global qui sera à la mesure du nombre des envois au ministère.

Signez et faites signer

Nous souhaitons donc que vous puissiez:
1. En adresser une copie papier signée par vous, à Monsieur le Ministre de la Culture et de la Communication. 3, rue de Valois - 75033 Paris Cedex 01 (nous pensons que ce mode d'envoi papier aura, par sa réalité physique, plus de «poids» qu'un envoi internet).
2. Le faire parvenir par mail, fax, ou courrier postal à toutes les personnes (amateurs d’art, artistes, médiateurs) que vous savez susceptibles de vouloir le signer et poursuivre sa transmission vers d’autres signataires potentiels ( vous pouvez imprimer ou saisir le fichier texte de ces deux pages sur le site www.artension.fr pour l’envoyer par mail).
3. En adresser une autre copie papier (ou confirmation fax ou @mail de votre envoi au ministère) à Artension. BP 9 - 69647 Caluire Cedex - artension@wanadoo.fr - Fax 04 78 23 51 49 (ce qui permettra de recenser l’ensemble des signataires).

Premiers signataires (ayant participé à la rédaction du manifeste)

Marie Francine Adam Openo (galeriste) - Rémy Aron ( artiste) - Agnés Bernard (galeriste) - Françoise et Michel Georges
Bernard (critiques d’art) - Christian Berst ( éditeur) - Olivier Billard (collectionneur) - Richard Bucaille (conservateur) - Dominique Coffignier (artiste) - Leonardo Cremonini (artiste) - Laurent Danchin (critique d’art) - Jacques Deal (artiste) - Serge De Turville (artiste) - Olivier De Sagazan (artiste) - François Derivery (critique d’art) - Jean Philippe Domecq (écrivain) - Céres Franco (galeriste) - Franta (artiste) - Hastaire (artiste) - Éric Henri ( galeriste) - Jean-Pierre Klein (critique d’art) - Jorg Hermle (artiste) - Alain Jean (enseignant) - Christian Lannoy (galeriste) - André Le Glatin ( artiste) - Loïs Le Vanier (critique d’art) - Antoine Leperlier (artiste) - Michel Lequenne (critique d’art) - Françoise Monnin (critique d’art) - Marie Morel (artiste) - Christian Noorbergen (critique d’art) - Francis Parent (critique d’art) - Raymond Perrot (critique d’art) - Marc Petit (artiste) - Bernard Pierron (artiste) - Nili et Moreno Pincas (artistes) - Dominique Polad (galeriste) - André Protche (éditeur) - Frédéric Roulette (galeriste) - Lucien Ruimy (artiste) - Pierre Souchaud (critique d’art) - Jean-Paul Souvraz (artiste) - Tibouchi (artiste) - Jérôme Tisserand (artiste) - Pascal Vinardel (artiste) - Agnès Wotkiewicz (artiste) - Yankel (artiste) - Christian Zeimert (artiste)

Manifeste «Un art pour l’Homme»
à Monsieur le Ministre de la Culture - 3, rue de Valois - 75033 Paris Cedex 01


Le champ de la création et de la diffusion des arts plastiques en France se trouve aujourd’hui coupé en deux parties bien distinctes entre lesquelles l’absence de communication et de compréhension est devenu quasi totale:
– la première partie est celle des institutions et du grand marché international, dont la pensée, le discours et
les critères d’évaluation sont avant tout les produits d’une conjonction d’intérêts extra-artistiques : politicomédiatiques,
administratifs, spéculatifs, etc.
– la seconde, la plus réelle, riche, inventive, diversifiée, inscrite dans le présent et ouverte sur l’avenir, est celle
d’une majorité de créateurs de ce temps ainsi que de leurs diffuseurs et de leur public, ignorés, voire méprisés
par la première.

Cette fracture est très préjudiciable aux artistes, à leur reconnaissance, à leur survie même, à la réinsertion sociale de l’art, au travail des galeries prospectives et d’un grand nombre de médiateurs, au respect d’un patrimoine vivant. Elle entretient un climat d’ostrascisme et de ségrégation féroces, comme il n’en existe dans nul autre domaine. Elle interdit à l’art de tenir son rôle émancipateur, d’élucidation du monde et de lien entre les hommes, à une époque de difficiles mutations. Elle désespère et exaspère une majorité des acteurs de l’art de ce temps.

Nous vous demandons instamment de reconnaître et de prendre en compte la réalité de cette situation de blocage désastreux et de mettre en oeuvre tous dispositifs de réflexion sur les moyens de s’extraire de ce que l’on peut considérer comme un néo-académisme étatique encore plus dévastateur que l’académisme du début du 20e siècle.

Pourraient être, par exemple, objets de cette réflexion:
– l’installation d’outils d’écoute et de large consultation, pour la mise à plat des non -dits qui empoisonnent la vie culturelle dans le domaine des arts plastiques depuis trois décennies ;
– la reconnaissance des analyses faites par les sociologues, philosophes, chercheurs, historiens et critiques d’art non-alignés, sur la réalité évoquée ;
– la révision complète des dispositifs et critères de soutien à la création dans la perspective d’une plus grande ouverture aux divers modes d’expression et sensibilités artistiques : ce qui implique notamment une remise en question des profils, attributions et modalités de nomination des Conseillers Artistiques Régionaux, une redéfinition du rôle, des modes et critères d’intervention de la Délégation aux Art Plastiques, un réexamen des finalités et fonctionnement des FRAC, des DRAC, des Centres d’Art Contemporain;
– le développement d’une politique de soutien aux associations, galeries, salons ;
– le réaménagement des structures existantes, municipales, départementales et régionales pour un développement véritablement décentralisé des arts plastiques et le recensement des ressources ;
– l’ introduction des artistes au sein des structures décisionnaires et l’écoute attentive des nombreux collectifs qu’ils ont constitués ;
– l’incitation fiscale pour les achats d’oeuvres d’artistes vivants, pour la dynamisation d’un marché intérieur de proximité;
– l’ incitation auprès des différents médias (presse, télévision, etc.) pour que que les chroniques artistiques aient plus de place dans les programmes;
– la réhabilitation de la « pensée sensible» et poétique dans le discours institutionnel sur l’art et dans les dispositifs d’enseignement;
– la réflexion sur la spectacularisation de l’art et sur l’incidence du politico-médiatique sur les critères esthétiques dominants.


Nom ................................................................................................... Prénom ........................................................
Profession .................................................................................................................................................................
Adresse ....................................................................................................................................................................
Code postal ................................. Ville ............................................................... Tél. ...........................................
Date
Signature

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* Artension n°21 Janvier Février 2005, page 4 et 5.
http://www.artension.fr/

** http://www.rectoversion.com/contact_lapage26.htm

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