Pour
ce numéro 5 du Journal, il était difficile de passer
sous silence la terrible catastrophe du 26 décembre 2004.
Sans reprendre en détails les conséquences de ce Tsunami
qui ont été très bien médiatisées,
j'ai pensé utile de se questionner sur l'aspect sociologique
particulier que l'on a constaté autour de l'aide humanitaire
qui a suivi la catastrophe. Vous trouverez cette brève analyse
en page 2.
Il
est un autre sujet, heureusement bien moins dramatique, celui qui
concerne la mise en ligne du Cercle Internet Rectoversion sur des
pages réservées. Cet accès protégé
est également à rapprocher de l'accès au Forum
qui se fait uniquement sur mot de passe. Je crois important ici
d'expliquer mon choix d'autant plus que le critique d'art Christian
Germak, de la revue Arts Gazette International, m'a reproché
d'avoir pris des protections juridiques autour de la divulgation
du concept de la Rectoversion. En page 3, 4 et 5, vous trouverez
son article en totalité ainsi que le droit de réponse
que Christian Germak m'a accordé, droit de réponse
qui me permet de lui expliquer en quoi ses reproches sont erronés
(1).
Bien
sûr, le Cercle et le Forum ne sont pas en accès libre.
Ce choix a été pris après une longue réflexion
et, surtout, après une série de problèmes due
justement à l'ouverture tout azimut sur le web de la Rectoversion
(peut-être un jour reviendrai-je dans ces colonnes sur ces
événements). De toute façon, il n'est pas du
tout impossible que le Forum dans un premier temps, le Cercle dans
un second, deviennent publics. Cela sera peut-être envisageable
lorsque leurs contenus seront suffisamment conséquents pour
que toute critique destructrice s'éteigne d'elle-même
(2).
Pour
l'instant, nous n'en sommes pas là puisque le Forum et le
Cercle sont très récents (3). Il me semble important
au contraire que ceux qui cherchent autour de la Rectoversion et
de ses questionnements aussi bien que ceux qui ont rencontré
la Rectoversion sur leur propre cheminement puissent s'exprimer
en toute liberté, sans qu'ils soient en permanence obligés
de justifier leurs positions et leurs analyses. Leur liberté
d'expression et de penser passe par un minimum de quiétude
et leur élaboration théorique (et pratique) suppose
également un minimum de temps. Cette liberté, cette
indépendance pourrait-on même dire, est essentielle
car la Rectoversion dénonce non seulement l'approche unidirectionnelle
("monoface" dans le langage rectoversé) mais encore
elle démontre la partialité et l'insuffisance de l'approche
bipolaire ("biface"). Inévitablement, elle heurte
de front des dogmes puissants, comme le monisme et même, contre
toute attente, le dualisme (4).
Ces
dogmes, selon les intérêts de chacun, prennent des
formes différentes. Il peut s'agir de dogmatisme athée
qui créé chez l'adepte de cette croyance ( l'athéisme
est aussi une croyance! ) une allergie à tout ce qui touche
de près ou de loin la transcendance. Il peut s'agir aussi
de dogmatisme religieux, dont l'adepte croit dur comme fer qu'il
est dans la vérité et que, surtout, sa mission est
d'en convaincre les autres. Il y aussi les dogmatismes communautaires,
très en vogue de nos jours (c'est pas nouveau mais c'est
cyclique), le sésame ouvres-toi de certains milieux.
N'oublions pas aussi le dogmatisme démocratique qui touchent
ceux qui sont convaincus que la démocratie est le nec plus
ultra de l'organisation humaine et qui pensent que toute critique
de cette démocratie ne peut venir que de partisans de thèses
extrémistes (5).
En
page 6 et 7, vous trouverez les "chroniques ordinaires"
de l'art contemporain qui sont en fait une critique de l'idéologie
qui domine dans l'art contemporain officiel. Il est en effet navrant
de constater avec quelle opiniâtreté l'art contemporain
se complaît depuis des décennies dans le salace et/ou
le morbide. Pourtant, des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent
devant de telles aberrations. La revue Artension, dans son dernier
numéro, propose de regrouper certaines de ces voix autour
d'un manifeste que vous trouverez en totalité en page 8.
Pour ma part, je dénonce depuis longtemps les blocages culturels
décris par ce manifeste et j'y adhère totalement.
Mon expérience au long cours fait que je ne me fais guère
d'illusion sur le résultat mais que faire d'autre ? Cela
reste tout de même une initiative positive de la revue Artension.
Voilà,
bonne lecture et n'hésitez à exprimer votre sensibilité
soit dans ce Journal, sous la forme d'articles, soit dans le Cercle,
sous la forme de dossiers.
---
(1)
Ces textes sont ici uniquement pour "faire débat"
et en aucun cas dans un but promotionnel, vous l'aurez compris.
(2)
Par critique destructrice, j'entends non pas la critique négative
qui a sa raison d'être mais la critique dont la méthode
consiste exclusivement à détruire pour détruire,
utilisant à satiété la mauvaise foi et la calomnie.
Cette critique "assassine", destinée à "casser"
celui auquel elle est destinée, sert en fait celui qui la
pratique en lui apportant une sorte d'apaisement à son aigreur
parfois pathologique, toujours psychologique.
(3)
Le site originel www.rectoversion.com, par contre, par la pertinence
de son contenu, en est arrivé là. Depuis déjà
pas mal de temps, les réactions de mauvaise foi ont cessé.
(4)
Le dualisme n'est que l'application limitée de la dualité.
En aucun cas, les termes sont identiques. A ce propos, rappelons
inlassablement les propos lumineux de René Guénon
:
« Comme il est des erreurs de langage qui se produisent assez
fréquemment et qui ne sont pas sans avoir de graves inconvénients,
il n'est pas inutile de préciser que "dualité"
et "dualisme" sont deux choses tout à fait différentes:
le dualisme (dont la conception cartésienne de l'"esprit"
et de la "matière" est un des exemples les plus
connus) consiste proprement à considérer une dualité
comme irréductible et à ne rien envisager au-delà,
ce qui implique la négation du principe commun dont, en réalité,
les deux termes de cette dualité procèdent par "polarisation".»
(René Guénon, note n°1 du chapitre XXX, "Le
Règne de la Quantité et les Signes des Temps",
Ed. Gallimard).
Quand aux religions et/ou philosophies qualifiées de dualismes
(comme le manichéisme et le catharisme), il y aurait beaucoup
à dire à ce sujet et sans doute y consacrerai-je un
dossier dans le Cercle.
(5)
Même si l'on admet que la démocratie est le moins mauvais
des systèmes politiques qui existent, encore faudrait-il
que notre démocratie soit une réelle démocratie,
ce qui n'est pas le cas, loin s'en faut...
©
Michel De Caso
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