En
52 avant Jésus-Christ, César s'empare d'Avaricum après
25 jours de siège et massacre la population.
Vers
l'an 1 de notre ère, Hérode se sentant abusé
par les mages, envoie ses troupes massacrer tous les enfants de
deux ans et moins, demeurant à Bethléem et dans son
royaume. Le Nouveau Testament nous le présente comme le "massacre
des innocents".
Vers
780, Charlemagne donne l'ordre de massacrer des milliers de saxons,
afin de marquer la conquête de la Saxe.
Le
15 juillet 1099, les croisés prennent Jérusalem en
massacrant la population.
En
juillet 1209, la totalité de la population de Béziers
est exterminée. C'est le début de la Croisade albigeoise.
Dans
la nuit du 23 au 24 août 1572, les protestants, réunis
à Paris pour le mariage de leur chef Henri de Navarre avec
Marguerite de Valois, sont massacrés. L'histoire retiendra
cette date sous le nom de "massacre de la Saint-Barthélemy".
Le
9 juillet 1860, les chrétiens maronites de Damas sont exterminés
dans la nuit avec la complicité du gouverneur turc de Syrie.
Pendant
les 6 semaines qui suivirent le 13 décembre 1937, les japonais
exterminèrent près de 300 000 chinois. Le massacre
de Nankin figure parmi les plus sanglants épisodes de la
seconde guerre sino-japonaise.
Le
10 juin 1944, la totalité des habitants d'Oradour-sur-Glane,
un petit village près de Limoges est exterminée par
les SS.
Encore
plus proche de nous, le 11 septembre 2001 à New-York, le
3 septembre 2004, le massacre de Beslan, en Russie...
Et
ce ne sont que quelques exemples (1) de ce dont l'homme est
capable de faire pour des raisons qu'il semble bien être le
seul à comprendre ! Le sens de l'histoire nous donne-t-il
réellement le droit de juger nos ancêtres comme des
barbares ? Avons-nous réellement des leçons à
donner à ceux pour qui la violence est le principal mode
d'expression, voire le seul ?
Suivant
régulièrement l'actualité, je reste ébahi
devant la facilité avec laquelle les informations se remplacent
elles-mêmes, dans un mouvement incessant où l'obsolescence
semble être antérieure à la parution des informations.
Le sombre anniversaire d'Auschwitz a fait oublier le Tsunami. Il
a lui-même très vite été remplacé
par la mascarade de la Corée du Nord dont on ne parle plus
guère aujourd'hui. Si la vie est le mouvement, il me semble
que l'excès de mouvement est synonyme de perte de repères.
Cette
perte de repères se manifeste à tous les niveaux.
La pratique religieuse qui fait place à une forme d'automédication
spirituelle, les courants politiques dont les projets ne sont
plus guère porteurs de sens, l'économie galopante
qui transfère une grande partie de la production manufacturière
dans les pays disposant de conditions sociales déplorables...
Comme la "liste" des massacres et autres témoignages
de notre proximité avec ce que nous nommons les hommes préhistoriques,
la liste des repères qui se désagrègent est
bien loin d'être exhaustive.
Alors
face à tout cela, que pouvons-nous faire réellement
? Devons-nous suivre l'idée chère aux cathares comme
quoi Dieu n'est pas de ce monde, avec son corollaire : l'enfer,
c'est le monde et la vie terrestre ?
Dans
une philosophie du concret, nous ne pouvons nier ce côté
sombre de notre être. Rejeter systématiquement la faute
sur l'autre revient à nous mentir à nous-mêmes.
Mais sommes-nous prêts à assumer notre part de responsabilité
dans toutes ces horreurs ? Car si il est facile de lister ce que
l'histoire nous rapporte, avons-nous réellement conscience
du fait que nous construisons aujourd'hui une séquence d'histoire
pour nos enfants ?
Face
à cette problématique, j'avoue être incapable
de changer le monde. Je me dois donc de centrer mon énergie
sur ce qui est à ma portée. Mais en y regardant bien,
le champ de travail (2) est immense. Car le propre de mon exposé
sans prétention est de suivre le chemin inverse de celui
préconisé par Pascal Engel : "la philosophie
d'aujourd'hui doit passer par le local avant d'atteindre le global".
Finalement, nous devrions, en toute humilité, passer d'un
mode à l'autre. Admettre notre modeste place au sein de l'Univers
pour agir sur notre environnement direct. Être actif au quotidien
pour s'inscrire dans un plan plus ambitieux, celui de l'Humanité.
Le changement d'échelle de nos pensées peut produire
un effet bénéfique quant à notre compréhension
des enjeux qui se présentent à nous aujourd'hui.
Et
donc... que les cathares aient tort ou raison quant au fait de considérer
le monde terrestre comme l'uvre du mal, force nous est de
vivre dans cet environnement et d'y tenir le mieux que nous pouvons
notre place, d'y apporter le plus de valeur ajoutée possible,
qu'elle se traduise sous forme d'amour, de relations ou de réalisations.
Nous
ne pouvons nier notre condition humaine, mais nous pouvons en modeler
le devenir.
A
bientôt.
©
Philippe Contal
(1)
L'encyclopédie Wikipedia dispose même d'un chapitre
"Liste
des massacres" :
(2) et non pas "camp de travail"...
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* La Lettre du Héraut des Terres Cathares - n°
2005/2 - février 2005
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