Voici
la suite de l'heureuse initiative de la revue Artension, dénommée
"Manifestez-vous" (voir le Journal
n°5, page 8). Le
Ministre de la Culture a bien voulu répondre. Ci-dessous
je vous propose la totalité de la longue réponse du
Ministre de la Culture, ainsi que la réponse de Pierre Souchaud
et son invitation aux lecteurs d'Artension à répondre
au Ministre. Ces trois textes sont extraits du magazine Artension
n°23, mai-juin 2005, pages 4 et 5. (www.artension.fr)
Manifeste
« Un art pour l'Homme » ... (suite)
1.
Réponse du Ministre de la Culture au Directeur du magazine
Artension
Paris,
le 4 mars 2005
«
Monsieur,
C'est
avec beaucoup d'intérêt que j'ai pris connaissance
du manifeste "Un art pour l'homme" publié dans
la livraison de janvier 2005 du magazine Artension.
Vous
me permettrez d'apporter quelques nuances au paysage contrasté
que vous dépeignez de la vie artistique de notre pays, avant
d'en venir à l'analyse de vos propositions.
Vous
présentez le champs de la création et de la diffusion
des arts plastiques comme étant coupé en deux, avec
d'un côté l'institution et le marché, et de
l'autre la majorité des créateurs. Je ne partage pas
cette vision de la scène artistique française, riche
d'initiatives les plus diverses, qu'elles soient publiques ou privées.
A
l'initiative de l'Etat et en partenariat avec les collectivités
territoriales ont été crées il y a vingt ans,
dans chacune des régions, des centres d'art et des fond régionaux
d'art contemporain (FRAC). Je peux vous assurer qu'au sein de ces
structures partenariales, une véritable pratique des discussions
et des débats s'est dès le départ imposée,
faisant que ces outils - mis en place au service de l'art et de
la création contemporaine - restent constamment en phase
avec les enjeux de leur époque. Je suis à ce titre
très attaché à ce que la société
civile comme les artistes eux-mêmes participent aux conseils
d'administration de ces institutions.
Ce
souci de concertation, au cur de toute politique d'aménagement
du territoire, a sans aucun doute permis la prise en compte de la
richesse de notre pays. Il est aujourd'hui largement relayé
par l'action des collectivités territoriales. Celles-ci encouragent
et accompagnent les initiatives de plus en plus nombreuses qui naissent
sur notre territoire.
Venons-en
à vos propositions. Vous souhaitez que soient mis en place
des dispositifs " d'écoute et de large consultation
". Cette exigence démocratique est le fait de tous et
doit être partagé par chacun. A ce titre, je ne peux
que constater l'existence dans la presse locale, nationale, spécialisée
ou non, d'un intérêt dans cesse croissant envers la
vie artistique de notre pays. Cette instance médiatique,
à laquelle on peut associer les développements récents
de la communication électronique, contribue de manière
formidable à la diffusion et au développement du débat
critique quoi doit nécessairement accompagner la création
artistique. Soyez assuré de mon souci permanent de veiller
à sa diversité afin que la vie éditoriale française
continue de participer pleinement aux enjeux esthétiques
de notre époque à l'intérieur comme hors de
nos frontières.
Je
tiens à rappeler qu'il est par ailleurs de la responsabilité
des institutions publiques de prendre en compte la pluralité
des expressions et d'ouvrir leurs activités au plus large
public, ceci dans le cadre des missions de service public qui sont
les leurs.
En
ce qui concerne le ministère dont j'ai la charge et les missions
des directions régionales des affaires culturelles, je me
permets de citer certaines des conclusions du rapporteur de la commissions
des affaires culturelles, familiales et sociales, M.Marc Bernier,
concernant l'action des DRAC dans le cadre de la déconcentration
culturelle. Il a, dans son rapport, souligné le rôle-clé
des directions régionales, perçues et reconnues par
l'ensemble des partenaires comme les garants d'une politique nationale.
Mais, du même souffle, il a relevé le rôle qui
est aussi le leur en ce qui concerne l'application équilibrée
de la politique d'aménagement du territoire. A ce titre,
les DRAC sont devenues de véritables catalyseurs et des fédérateurs
efficaces des projets les plus variés. Je rappelle encore
que dans ce domaine, les collectivités territoriales prennent
de plus en plus d'initiatives à travers la création
d'espaces de production, de diffusion et d'expression artistiques
(artothèques, salons, ateliers, résidences, etc
)
dans le cadre d'une concertation étroite avec l'Etat.
Vous
souhaitez un recensement de toutes ces ressources. Là encore,
au-delà de l'initiative publique (voyez par exemple le site
Internet du Centre national des Arts Plastiques), on ne peut que
se féliciter, comme je l'ai fait plus haut, des nombreuses
initiatives en la matière que les technologies de la communication
ont rendu de plus en plus performants, attractives et participatives.
Vous
me signalez un certain nombre de contraintes réglementaires,
notamment fiscales. Toutes l'action que je mène tend à
lever autant que faire se peut ces contraintes, dans le respect
bien entendu du droit d'auteur et des réglementations européennes.
Je pense notamment au droit de suite.
Je
me permets de vous rappeler quelques dispositions fiscales qui sont
intervenues récemment : le relèvement du seuil d'imposition
et de la taxe forfaitaire sur les objet d'art qui est porté
de 3.050€ à 5.000€, et l'exonération de
plus-value au bout de douze ans (et non plus de vingt et un ans)
de détente du bien, en cas d'option pour le régime
du droit commun. Il me faut encore rappeler l'exonération
de la taxe professionnelle pour les photographes qui sont dorénavant
traités comme les autres créateurs plasticiens. J'ajoute
enfin à cette énumération les dispositions
fiscales avantageuses accordées par les lois de 2002 sur
les musées de France et de 2003 sur le mécénat.
Vous
en appelez à une pensée sensible et poétique.
Je souhaite aussi qu'elle soit partagée par tous nos concitoyens,
et ceci dès le plus jeune âge. L'éducation artistique
dans les écoles, les collèges et les lycées,
représente un enjeu fondamental afin que le public devienne
un partenaire à part entière. L'encouragement adressé
aux médias audiovisuels afin que ceux-ci accordent à
la chose artistique une plus grande place dans leur grille de programmation
relève de la même volonté.
Je
vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments
les meilleurs. »
©
Renaud Donnedieu de Vabres
2. Réponse du Directeur du magazine Artension au Ministre
de la Culture
Lyon,
le 16 mars 2005,
«
Monsieur Le Ministre,
Je
vous remercie pour votre lettre du 4 mars en réponse à
l'envoi du manifeste " Un art pour l'Homme ".
Votre
contribution à notre réflexion sera publiée
dans le numéro 23 mai-juin du magazine :
- pour fournir réponse attendue aux très nombreux
lecteurs qui ont signé ce manifeste et l'ont fait parvenir
à votre ministère ;
- pour donner également à chacun d'eux l'occasion,
de vous écrire à nouveau afin de vous faire part,
après lecture de votre texte, de ses propres analyses, réactions,
informations, suggestions, sentiment divers : l'ensemble de ces
témoignages personnels pouvant être précieux
pour une plus juste évaluation de la situation actuelle,
dans l'hypothèse où celle-ci serait bientôt
entreprise par l'instance d'audit que vous ne manquerez pas d'installer.
Veuillez
agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de mes sentiments
très cordiaux et respectueux.
»
©
Pierre Souchaud
3.
Réponses des lecteurs d'Artension au Ministre de la Culture
«
Il
vous est donc maintenant permis, chers lecteurs, de répondre
individuellement à cette lettre de Monsieur le Ministre,
pour lui faire part de vos suggestions, témoignages et sentiments
personnels, en lui écrivant au 3 rue de Valois - 75003 Paris.
Tél. 01 40 15 80 00 (il serait bon que vous adressiez simultanément
copie de votre lettre à Artension). »
Pierre Souchaud
---
*
Voir le Journal
n°5, page 8.
|