RECTOVERSION, AN 10 DE L'AN 10.000

LE JOURNAL

numéro 3 - janvier 2004

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Sommaire

p.1 : Editorial.
p.2
: L'incommunicable en art.
p.3 : Le spirituel dans l'art, l'éternel retour.
p.4 : Voyage au coeur du dualisme.
p.5 : Métadualité dans la Kabbale.
p.6 :
Défaire le noeud gordien du dualisme.
p.7 :
Cosmogonie de la Rectoversion.


Editorial
par Michel De Caso

Il y a 22 ans, en 1981, quelques mois après mon arrivée à Paris, je rencontrai Danielle Navarre qui est ma compagne depuis cette date. Je me souviens qu'elle avait affiché sur un mur de son appartement une citation qu'elle avait recopiée sur un papier kraft grand format. J'avais apprécié, comme elle, cette citation que voici :

« Il est des peintres qui peignent sans penser et c'est le cas de la plupart.
Il en est d'autres qui pensent avant de peindre et ceux-là vont un peu mieux.
Il en est quelques uns, enfin ... qui peignent pour penser. La peinture est leur méthode de recherche, moyen d'être en contact plus étroit avec ce qui les entoure, façon d'atteindre à une conscience plus aiguë des êtres et des choses et de leur attribuer une signification. »
Michel Leiris (1901-1990)

En 1981, je ne me doutais pas que Danielle, en mettant en exergue cette citation sur son mur, avait eu un choix prémonitoire. En effet, encore récemment mais cela n'est pas nouveau, il m'a été reproché d'accepter dans le mouvement que s'y expriment des points de vue psychologiques et métaphysiques. Il m'a été suggéré de limiter la pensée du mouvement au cadre strict de l'activité artistique, comprise comme la production et la vente d'œuvres.
Dans le mouvement, nous sommes bien conscients qu'un artiste doit produire et vendre ses œuvres. C'est pourquoi, nous n'obligeons personne à penser son art et à l'exprimer. Pour autant, il n'y aucune raison d'empêcher de penser et de s'exprimer ceux qui ont quelque chose à dire et à partager autour de thèmes liés bien sûr au mouvement.

A ce propos et pour mémoire, nous rappelons le "plus petit dénominateur commun" qui est sensé expliquer la présence des membres dans le mouvement :

« Le 5 mars 2002, a été créé le mouvement artistique "rectoversion, an 10 de l'an 10.000".
Le but du mouvement est de susciter une émulation artistique autour de questionnements soulevés par le concept de la Rectoversion comme, par exemple :
- questionnement de l'approche unidirectionnelle.
- qu'est-ce que l'endroit (recto)?
- qu'est-ce que l'envers (verso)?
- quelles relations unissent l'endroit et l'envers?
- peut-on dépasser l'antagonisme de l'endroit et de l'envers?
- etc...
Si votre recherche correspond au moins à l'un de ces questionnements, vous pouvez demander à rejoindre le mouvement "rectoversion, an 10 de l'an 10.000".»

Compte tenu de ce "plus petit dénominateur commun", il est certes souhaitable que les textes dans le Journal traitent en priorité de thèmes artistiques liés à ces questionnements mais il est évident que le Journal ne peut pas se contenter d'être simplement un bulletin d'information et de promotion artistique. Pourquoi dès lors censurer les textes réflexifs sur l'art, même si leurs prolongements sont philosophiques et/ou spirituels car l'art, la philosophie et la spiritualité sont intimement liés ? Les seules réserves concernant des prises de position sont exprimées dans la Charte du mouvement et consistent à rejeter tous les fondamentalismes, quels qu'ils soient.

Voici les extraits de la Charte en question :
« article 2 :
L'adhésion au mouvement suppose que l'adhérent respecte la charte en vigueur. L'adhérent s'engage à respecter une certaine déontologie et à ne pas utiliser "rectoversion, an 10 de l'an 10.000" pour exprimer des opinions ou présenter des images à caractère raciste, xénophobe, pédophile, diffamatoire, pornographique, ou considérées comme dangereuses.
article 5 :
"rectoversion, an 10 de l'an 10.000" est un mouvement informel. Il n'est ni un mouvement politique ni religieux. Aucun mode de pensée n'est imposé. Son mode de fonctionnement est basé sur l'adhésion volontaire de chacun. Il ne prône pas une vision unique et l'individu reste l'élément primordial.

"rectoversion, an 10 de l'an 10.000" rejette toute les formes d'intégrisme, qu'il s'agisse d'intégrisme religieux, politique, psychologique, sociologique, rationaliste, etc...»

C'est donc bien le refus de tout fondamentalisme qui dicte nos choix. Cette limitation dans la pensée que certains réclament est d'autant plus non avenue qu'elle est exprimée par ceux-là même qui revendiquent une hypothétique libre pensée qui n'a de libre que le nom. En effet, la véritable libre pensée devrait être apte sinon à comprendre du moins à accepter les autres façons de penser.

La libre pensée rationaliste - comme la pensée religieuse - ne pose pas de problèmes particuliers jusqu'à ce qu'elle puisse devenir un dogme. Dans ce cas, s'il est courant de dénoncer l'attitude dogmatique de la pensée religieuse qui devient alors une pensée intégriste, il est bien plus rare de dénoncer l'athéisme lorsque celui-ci masque un dogmatisme manifeste. Pourtant, l'athéisme dogmatique peut être perçu comme l'autre face du religieux intégriste. Les deux attitudes cohabitent en s'ignorant, comme les deux faces d'une même médaille. Ils se considèrent comme des systèmes totalisant détenteurs de la vérité ultime. Dans le rejet de l'autre, l'athéisme, comme le religieux, ne dispense en rien des excès de l'intégrisme.

© Michel De Caso

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